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La France de la pauvreté

Publié le par Daniel Sario

La France de la pauvreté
L’INSEE a rendu public ce 2 juin une étude réalisée en 2012 à partir du « Fichier localisé social et fiscal » sur le taux de pauvreté en France. Elle confirme ce qui est observable à l’œil nu en y apportant des données chiffrées incontestables. Par Gérard Le Puill

Selon l’étude rendue publique mardi matin, les poches de pauvreté sont plus importantes dans le Nord et dans le Sud de la France que dans l’Ouest et l’Est du pays en général. Elles sont aussi plus importantes au cœur des villes que dans les périphéries résidentielles, plus importantes dans les départements qui ont beaucoup de logements sociaux que dans ceux qui en ont peu. Dans ces derniers, le niveau de revenu des ménages aisés est très élevé. A Neuilly , la ville dont Nicolas Sarkozy fut le maire avant d’être ministre de l’Intérieur, puis président de la République, le revenu annuel des 10% des ménages les plus aisés est le suivant :111.700€ par an pour une personne seule comptant pour un ménage ; 167.000€ pour un couple sans enfant ; 234.570€ pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. Précisons que l’étude porte sur 2012, année ou Nicolas Sarkozy terminait son quinquennat. Voilà dans doute pourquoi il préfère désormais disserter sur la République que sur la politique économique et sociale qui serait la sienne s’il revenait à l’Elysée.

27% des habitants du 93 vivent sous le seuil de pauvreté. Si on regarde maintenant le niveau de vie des 10% de ménages les plus pauvres, il ne dépasse pas les 11.700€ par an et par unité de consommation dans toutes les régions de la France métropolitaine. Mais il tombe à 8.990€ en Corse, à 9.650€ dans la région Nord-Pas de Calais. Quand au niveau de vie médian des ménages vivant sous le seuil de pauvreté, il est de 8.620€ à Paris par unité de consommation, contre 9.900€ en Vendée. Plus généralement, 20% des ménages habitants la Corse, le Languedoc-Roussillon, le Nord-Pas-de-Calais vivent sous le seuil de pauvreté. Il en est de même pour 27% des habitants de la Seine-Saint-Denis alors que l’on tombe à 9% dans les Yvelines. En Languedoc-Roussillon, la Lozère, moins favorisée que le Gard, l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées Orientales par la nature, compte néanmoins un pourcentage de pauvres inférieur à la moyenne régionale. Sans doute faut-il voir là une conséquence de choix économiques davantage centrés sur les productions et activités qui utilisent intelligemment les ressources du terroir et les circuits courts de mise en marché.

Faire grossir les villes-centres ne fait pas reculer la pauvreté. L’étude montre aussi que la part des prestations sociales dans le revenu disponible des plus pauvres est plus élevée que la moyenne nationale dans les villes-centres où elle représente en moyenne 46% pour les 10% de personnes les plus modestes. À l’inverse, pour les 10% de personnes les plus aisées de ces mêmes villes-centres, la part du revenu du patrimoine représente en moyenne 30% du revenu disponible. Bien qu’il ne s’agisse pas ici de l’essentiel, on peut penser que 20 années de défiscalisation offerte aux particuliers qui profitent de cette manne pour devenir des propriétaires de logements locatifs privés les ont bien enrichis, nos impôts servant à les enrichir une seconde fois des années durant via l’aide personnalisée au logement (APL) dont le produit profite finalement à hauteur de 94% au loueur dès lors que ça rend le locataire solvable.
Notons enfin que 77% de la population pauvre réside dans les 230 grandes aires urbaines de la France métropolitaine. 65% sont dans les grands pôles urbains dont 20% dans l’aire urbaine de Paris. Dit autrement, faire grossir les villes-centres en y concentrant fortement l’emploi et les activités économiques ne fait pas reculer la pauvreté. On peut même penser que la ségrégation par le logement dans les grands ensembles pose d’autres problèmes aux ménages qui quittent ces mêmes ensembles pour devenir propriétaires de leur logement en lointaine banlieue avec des coûts de transports et des remboursements d’emprunts qui mettent beaucoup d’entre eux à la lisière de la pauvreté.

3.536.0000 personnes sans la moindre activité. Cette étude a été rendue publique au lendemain de la publication des chiffres du chômage pour le mois d’avril. On y compte 26.2000 chômeurs de plus qu’en mars en catégorie A, soit un total de 3.536.0000 personnes sans la moindre activité. S’y ajoutent plus de 1.804.600 personnes qui n’ont pu avoir que quelques heures d’activité dans le mois, ce qui les maintient dans les statistiques des sans emploi avec le niveau de pauvreté et de précarité qui va avec. Autant dire que la pauvreté et la précarité se sont encore accrues depuis 2012 puisque le chômage n’a cessé de croître. Ajoutons que les mauvais chiffres du chômage en dépit d’un modeste rebond de la croissance du Produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre cachent sans doute quelques perversités dans le fonctionnement de l’économie dérégulée. Il s’agit notamment du travail clandestin sur lequel le gouvernement et son ministre du Travail ont tendance à fermer les yeux dans des secteurs comme le bâtiment, les travaux publics et les emplois à domicile.

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