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La loi El Khomri convient à Fillon, Le Maire et Juppé

Publié le par Daniel Sario

La loi El Khomri convient à Fillon, Le Maire et Juppé

Selon une enquête d’opinion conduite dans six pays dont la France, nos compatriotes veulent disposer de plus de temps libre. Cette aspiration prend le contre pied des projets des candidats déclarés de la droite pour l’élection présidentielle. Sans la nommer, tous argumentent pour que la loi El Khomri soit utilisée pour casser le Code du travail à partir de 2017

Ce lundi 20 juin une étude réalisé par l’observatoire Société et Consommation nous apprend que les projets des trois principaux candidats officiellement déclarés à droite pour l’élection présidentielle de 2017 sont en totale contradiction avec les aspirations des Français. Nos compatriotes aspirent à moins travailler afin de disposer davantage de temps pour vivre. Mais c’est aussi les cas en Espagne, en Allemagne aux Etats Unis, au Japon et en Turquie. L’enquête a été effectuée auprès 12 074 personnes, soit environ 2 000 par pays. Ainsi 74% des personnes interrogées estiment que le rythme de vie dans la société actuelle est trop rapide. C’est le cas pour 80% des Français, des Allemands, des espagnols et des Américains. 78% des personnes interrogées souhaitent pouvoir ralentir ce rythme et ce chiffre montre à 82% en France. 90% souhaitent pouvoir accorder plus de temps à leurs proches et 89% à eux-mêmes.

Encore faudrait-il avoir les moyens de vivre des revenus tirés de sont travail, ce qui devient de plus en plus difficile dans le cadre d’une concurrence mondialisée fondée sur le dumping social et environnemental. 51% des sondés disent aspirer à réduire le temps de travail. Mais ce chiffre tombe à 29% en France contre 60% en Espagne et 50% en Allemagne. Confrontés à des arbitrages budgétaires difficiles, 40% des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête préfèrent avoir moins de temps libre et plus d’argent tandis que 20% sont d’un avis contraire. Notons encore que 58% des Français, contre une moyenne générale de 56%, estiment que qu’une meilleure mobilité devrait passer par un accès à des systèmes de déplacement plus efficaces et confortables.

Confronter ces aspirations de nos compatriotes aux livres programmes de trois candidats déclarés à ce qu’il est convenu d’appeler « la primaire » présidentielle du parti Les Républicains permet de constater que leurs projets vont à l’encontre des aspirations des Français. En revanche, ces mêmes projets se situent dans le prolongement et l’accentuation des conséquences néfastes du projet de loi El Khomri.

François Fillon annonce ainsi la couleur : « Si je suis élu, l’utopie des trente cinq heures, qui est restée une exception française, sera abandonnée. Pour le secteur marchand, la loi fixera la seule durée maximum du travail hebdomadaire selon la norme européenne de quarante-huit heures. Ce sont les accords collectifs d’entreprise qui définiront le seuil effectif de déclenchement des heures supplémentaires, l’annualisation ou la modulation du temps de travail annuel et les compensations salariales éventuelles» (1).

Bruno Le Maire dit à peu près la même chose et fait de la démagogie sur la baisse des impôts. « Sortons, écrit-il (2) du dogme des trente-cinq heures qui a tué la liberté de travailler en France. Laissons le dialogue dans les entreprises décider de la durée du travail et du seuil de déclenchement. Adoptons un code du travail raccourci, lisible, qui garantira aux salariés les protections fondamentales, sans affaiblir la capacité de nos entrepreneurs à innover et à créer des emplois (...) Réduisons encore les charges sociales, en revenant sur la cotisation obligatoire à une mutuelle et en laissant le libre choix de sa mutuelle à chacun...».

Alain Juppé n’est pas en reste quand il écrit : « La durée légale des 35 heures sera supprimée. Ce sera à chaque entreprise de fixer la durée du travail dont elle a besoin dans le cadre d’une négociation. Si elle souhaite rester à 35 heures elle le pourra, si elle souhaite passer à 36, 37, 38 ou 39 heures, elle le pourra aussi. La loi prévoira qu’à défaut d’accord, la durée applicable dans l’entreprise pourra être portée à 39 heures (…) Pour les salariés qui effectuent aujourd’hui des heures supplémentaires, majorées au delà de 35 heures, la perte de bénéfice de la majoration entre 35 et 39 heures sera compensée par une réduction d’impôt sur le revenu et de cotisation salariale dont le coût sera de 2 milliards d’euros » (3). Alain Juppé fera-t-il augmenter la TVA pour récupérer ces deux milliards d’euros? Ce serait une manière de reprendre d’une main la réduction d’impôt concédée de l’autre, tout en faisant payer les non imposables de plus en plus nombreux dans ce pays de précarité salariale et de retraites bloquées depuis 2013.

Quoiqu’il en soit, on voit à quel point trois des principaux candidats déclarés de la droite pour l’élection présidentielle veulent durcir l’exploitation des salariés en France. Pour y parvenir, ils développent un argumentaire fondé sur l’inversion de la hiérarchie des normes que veut imposer le gouvernement de Manuel Valls en cassant le code du travail. S’il fallait une preuve de plus qu’il s’agit là d’une loi de droite, nous l’avons dans les programmes de François Fillon, Bruno Le Maire et Alain Juppé.

Notes ;

(1) Faire de François Fillon, page 119, Albin Michel

(2) Ne vous résignez pas, de Bruno Le Maire, pages 71 et 72, Albin Michel

(3) Cinq ans pour l’emploi, d’Alain Juppé, pages 201 et 202, J.C. Lattès
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