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Europe : les 65 heures mises en échec, pour l'instant

Publié le par Maurice Ulrich (l'Huma)


C'est un revers pour l'Europe libérale. Une bonne nouvelle, un succès et un point d'appui pour les salariés en Europe, les forces syndicales et les forces de gauche représentées au Parlement européen par le groupe de la Gauche unie européenne (GUE). Il n'y aura pas dans l'immédiat de révision de la directive sur le temps de travail qui ouvrait la voie à une dérèglementation généralisée des horaires dans tous les pays de l'UE. A cinq semaines des élections européennes, c'est un fait majeur. Il signifie que les rapports de forces ne sont pas figés en Europe. Que les forces syndicales et de gauche, les peuples, peuvent peser sur les politiques libérales et que les manifestations des 14 et 17 mai à l'appel de syndicats européens vont avoir plus de sens encore.

Sans doute, le Conseil et le Parlement ont-ils voulu éviter, à quelques semaines du 7 juin, un effet boomerang semblable à celui de la directive Bolkestein. Sans doute entendent-ils remettre le couvert sitôt les élections passées et d'autant plus promptement si les forces libérales et de droite en sortent renforcées. Mais c'est bien la preuve de l'utilité de ce scrutin que plus de 50% des citoyens en Europe bouderaient encore. Ils ont sans doute l'impression que tout est joué et que leur vote ne servira à rien. Ce n'est pas vrai, la preuve encore une fois, et rien ne servira non plus de se réfugier dans un vote populiste ou uniquement protestataire. Il s'agit de s'emparer d'un vote de résistance et de proposition, un vote qui ait l'ambition de rassembler les forces de gauche et pas de faire cavalier seul. Au parlement, c'est la Gauche unie européenne (GUE) qui a la volonté et agit dans ce sens. Ses listes en France sont celles du Front de gauche. Il faut faire reculer l'Europe libérale.

L'aveu de Sarkozy au Figaro

Il y a urgence. L'OCDE, Organisation de coopération et de développement économique qui conseille trente gouvernements, a publié hier (mardi) une étude sur la situation économique en France. Elle fait froid dans le dos. A la fois pour ce qu'elle propose pour l'après-crise et par ce qu'elle révèle de la conjuration, c'est le mot qui convient, des forces du capital contre les peuples. En résumé, l'OCDE appelle dès la reprise engagée, à des plans drastiques d'économies dans les politiques publiques, la Sécurité sociale, les administrations locales. L'effort, écrit-elle, "devra porter essentiellement sur la diminution des dépenses".

Les gouvernements n'auraient pas d'autres choix. Taxer les revenus financiers, les bonus, les stocks-options ? Taxer les flux énormes de capitaux qui noient la planète ? La question n'est pas posée et elle ne se posera jamais si les peuples ne s'en mêlent pas. Mais c'est bien, de plus, une conjuration. Car il s'agit désormais d'utiliser cyniquement la crise elle-même pour accroître l'emprise du capital sur la nation, les services publics, la vie de chacun.

Nicolas Sarkozy ne dit pas autre chose. Dans une pleine page qui lui était consacrée hier, le Figaro relevait cette phrase du président de la République et chef de la droite : "Je n'ai pas pas été élu pour augmenter les impôts, mais pour réduire le coût du travail". Son camp, c'est celui des privilégiés auxquels ont déjà profité le bouclier fiscal et autres mesures qui les choient. Son objectif, c'est de réduire la part de la valeur créée qui va aux salariés et de faire grandir celle qui va au capital. On sait que c'est cette logique qui l'a emporté depuis des décennies et a conduit à la crise.

Les citoyens ont à leur disposition les moyens de faire face, avec toujours plus de force. Les 14 et 17 mai, les manifestations en Europe. Le 7 juin, les élections européennes. Dès après-demain, dans toutes les villes de France, le 1er Mai, à l'appel de tous les syndicats. Un sondage indiquait hier que 71% des Français trouvaient ces manifestations justifiées. A chacun de faire foule.

 


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