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Budget européen, les agriculteurs font les frais de l’austérité

Publié le par Daniel Sario

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Depuis jeudi matin, les chefs d’Etat et de gouvernement sont réunis pour établir le budget 2014-2020. Les fonds de la politique agricole commune sont très largement rognés. Du fait des pressions britanniques, suédoises et néerlandaises pour une très forte baisse des dépenses, il est possible que les travaux s’achèvent sans aucun accord. Par Gaël de Santis 

A minuit, les chefs d’Etat et de gouvernement prennent la photo collective, comme d’autres prennent un bain. C’est que les travaux collectifs pour parvenir à un accord sur les perspectives budgétaires européennes des années 2014 à 2020 ont commencé tard hier. A vingt-deux heures. Depuis le matin jusqu’au début du sommet, des réunions bilatérales se sont tenues entre dirigeants européens. C’est ainsi que le président français a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel, le président du Conseil italien Mario Monti, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy et le premier ministre portugais Pedro Passos Coelho. Ce matin encore, il a de nouveau rencontré Mario Monti et il voyait à l’heure où nous écrivions ces lignes, David Cameron.
François Hollande multiplie les contacts, avec une inquiétude, maintenir les crédits de la politique agricole commune, dont la France est, en tant que première puissance agricole du Vieux Continent, la première bénéficiaire. Cette politique fera les frais des menées britanniques et allemandes qui souhaitent des coupes dans les dépenses de l’Union européenne (UE). De plus, la PAC a mauvaise presse. «Beaucoup de ressources sont dirigées vers ce que l’Europe était et non pas vers ce qu’elle devrait être», a prévenu Fredrik Reinfeldt, premier ministre suédois à son arrivée. Les pourparlers entre la France et d’autres pays ont permis une petite avancée, sur le front des fonds alloués à la PAC. Celle-ci verrait ces crédits revus en hausse de 8 milliards d’euros. Soit 372,4 milliards d’euros. Mais cela représente surtout 48 milliards d’euros de moins que lors de l’exercice précédent, 2007-2013.

Le chef d’orchestre du sommet a été sans nul doute Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen. C’est lui qui a la responsabilité d’amener les Vingt-Huit – les membres actuels de l’Union européenne (UE) ainsi que la Croatie qui rejoint le club l’an prochain – vers un compromis. Toute la journée de jeudi, il a, en compagnie du président de la Commission José Manuel Barroso, reçu un à un les chefs d’Etat et de gouvernement pour mettre à jour sa proposition de cadre financier pluriannuel, selon une procédure nommée «confessionnal». C’est ainsi qu’hier soir, il a présenté aux dirigeants européens une nouvelle proposition, qui amende celle soumise le 13 novembre. Côté montant global des dépenses, l’enveloppe reste inchangée, à 983,5 milliards d’euros. C’est en deçà de la proposition faite par la Commission. Ambitieux, les services de José-Manuel Barroso réclamaient 1061 milliards d’euros, une proposition qui a l’aval du Parlement européen, qui dispose depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, d’un droit de véto sur l’accord que trouveront les chefs d’Etat et de gouvernement.
Mais plusieurs chefs de gouvernements, au nombre desquels ceux du Royaume-Uni , la Suède et les Pays-Bas sont venus à Bruxelles avec leurs ciseaux et réclament une baisse des dépenses encore plus importante. Le premier ministre britannique continue de réclamer près de 50 milliards de coupes supplémentaires. Avec pour risque qu’aucun accord ne soit trouvé aujourd’hui. Ce qui renverrait la question à un sommet européen ultérieur. «Je pense qu'au cours de cette session [de négociations], nous n'allons pas parvenir là où nous devons parvenir, c'est à dire à une décision unanime», a prévenu ce matin à son arrivée au siège du Conseil Angela Merkel, la chancelière allemande.
Pour autant, rien ne presse. Il reste du temps pour approuver un compromis. Et si aucun compromis n’est trouvé, c’est, à partir de 2014, le budget 2013 qui serait reconduit, laissant intacts les crédits de la politique agricole commune et faisant tomber les rabais de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Suède. Ces pays ont en effet obtenu de payer moins que ce qu’ils ne devraient au vu de leur richesse nationale.

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