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Coup d’Etat au Paraguay

Publié le par PcfBalaruc

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Fernando Lugo

Le 22 juin, le Sénat paraguayen a destitué le président Fernando Lugo à la suite d’une procédure prévue par la Constitution, mais dont le déroulement s’est avéré plus que litigieux. M. Lugo a néanmoins accepté de se retirer tout en dénonçant un «coup d’Etat» qui «meurtrit le Paraguay et sa démocratie» (1).

Elu en 2008 à la tête d’une large coalition, M. Lugo n’a jamais bénéficié d’une majorité dans les assemblées du pays, son ancien allié, le Parti libéral radical authentique (PLRA, droite), se retournant très vite contre lui. Si, conformément à la Constitution, le Parlement paraguayen a nommé le vice-président Federico Franco (membre du PLRA) au sommet de l’Etat, sa décision a fait l’objet de vives critiques dans la région. «Voici donc comment on procède désormais pour réaliser un coup d’Etat», a déclaré le ministre des affaires étrangères du Venezuela, M. Nicolas Maduro, le 22 juin. La présidente argentine Cristina Fernández a précisé le même jour que Buenos Aires «n’accepterait pas le coup d’Etat au Paraguay», promettant «des mesures appropriées» du sommet du Marché commun du Sud (Mercosur (2)) de la semaine prochaine (3). Son homologue brésilienne, Mme Dilma Rousseff, a suggéré que le Paraguay pourrait être expulsé du Mercosur et de l’Union des nations sud-américaines (Unasur). Le président équatorien Rafael Correa a, pour sa part, souligné que son gouvernement «ne reconnaîtrait aucun autre président paraguayen que Fernando Lugo» (4). Plus modéré, le président péruvien Ollanta Humala a qualifié la destitution de M. Lugo de «revers pour la démocratie qui oblige nos pays à se montrer vigilants» (5).

Mais, à l’image de l’épisode hondurien de juin 2009, la situation paraguayenne révèle la division de la région. Si une délégation de ministres des affaires étrangères des pays de l’Unasur s’est rendue à Asunción pour tenter de faire respecter l’ordre constitutionnel, ce ne fut qu’après que le Brésil ait «tapé du poing sur la table» pour surmonter la résistance du Chili et de la Colombie, deux pays gouvernés par la droite. Forts de ce soutien implicite, les députés paraguayens ne réservèrent que «silence et indifférence» à la délégation, comme le rapporte M. Maduro (6). Certes, M. Juan Manuel Santos, le président colombien, a regretté le départ de M. Lugo. Il a toutefois indiqué que, selon lui, «d’un point de vue formel, il n’y a pas eu de rupture de l’ordre démocratique» (7). Venezuela, 2002. Bolivie, 2008. Honduras, 2009. Equateur, 2010. Paraguay, 2012... Avortées ou réussies, les tentatives de coup d’Etat ne sont plus rares en Amérique latine. Les classes dominantes de la région peineraient-elles à accepter la transition démocratique ?

La réaction du PCF. Grâce à un procès expéditif et sommaire la droite paraguayenne se permet de destituer le président démocratiquement élu, Fernando Lugo, en totale violation de la légalité. Le président est accusé d'avoir donné son soutien aux mouvements paysans qui réclament la mise en œuvre d’une réforme agraire qui s'attaque aux intérêts des grands propriétaires terriens alliés à cette droite qui a dominé le Paraguay pendant six décennies en soutenant la dictature d'Alfredo Stroessner. La violence avec laquelle a été immédiatement réprimée la foule qui manifestait son soutien au président légitime, après la décision des parlementaires, fut une nouvelle provocation dans la recherche du chaos pour tenter de justifier ainsi le coup d’État déguisé. 
Ce coup de force provoque déjà un rejet des gouvernements de l'Union des nations de l'Amérique du sud (UNASUR). Celle-ci considère que le procès s’est tenu sans aucune garantie de respect des principes le plus élémentaires du droit et de la démocratie. La brutalité et la lâcheté avec laquelle les partis Colorado et Libéral ont procédé suscite un élan fort de solidarité dans la région et dans le monde.Le gouvernement français et l'union européenne doivent se joindre à cette condamnation et exprimer clairement leur refus de reconnaître le gouvernement issu de ce coup de force. Le Parti communiste français exprime sa solidarité avec le président Fernando Lugo, avec le peuple paraguayen, avec les organisations sociales et la gauche progressistes de ce pays qui se refusent à reconnaître le gouvernement usurpateur de Federico Franco et appellent à une mobilisation pacifique et déterminée

Notes :

(1) « Fernando Lugo : “me voy por la puerta ancha, la del corazón de mis compatriotas” », América Economía, 22 juin 2012.
(2) Créé par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay en 1991.
(3) « Mercosur/Unasur anticipate “appropriate measures” against coup in Paraguay », MercoPress, 23 juin 2012.
(4) Ibid.
(5) « La destitución de Lugo en Paraguay es un revés a la democracia, afirma Perú », ABC Color, 23 juin 2012.
(6) « Cancilleres de Unasur no reconocen a Federico Franco como sucesor de Lugo », América Economía, 22 juin 2012.
(7) « Santos lamenta “remoción” de Lugo », ABC Color, 22 juin 2012.

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