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Le pacte budgétaire européen, décrié avant même d'être adopté

Publié le par PcfBalaruc

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Manifestation des élus de la Gauche unie européenne au parlement européen contre l'austérité.

Les dirigeants de 26 pays européens se réunissent ce lundi pour adopter ce texte controversé, qui prévoit notamment d'instaurer une règle d'or imposant l'équilibre budgétaire. En Belgique, les syndicats appelle à la grève générale.


L'encre du nouveau traité européen sur le renforcement de la discipline budgétaire est à peine sèche que les critiques fusent déjà à l'égard de ce pacte perçu par les uns comme inutile ou pour les autres au contraire comme un carcan d'austérité dangereux. Le texte, officiellement appelé «Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l'Union économique et monétaire», doit être adopté lundi par vingt-six pays de l'UE - seul le Royaume-Uni se tient à l'écart - lors du sommet des dirigeants européens. Il le sera sans grand enthousiasme. Il s'agit essentiellement d'une exigence de la chancelière allemande Angela Merkel qui en fait une condition de la poursuite de sa solidarité financière de son pays avec les Etats en difficulté de la zone euro. Le ministre finlandais des Affaires étrangères Erkki Tuomioja a résumé abruptement un sentiment partagé en privé par plusieurs pays. Le traité est «inutile et nuisible», a indiqué récemment Erkki Tuomioja au Financial Times. Le texte prévoit d'introduire partout une «règle d'or» obligeant les gouvernements à tendre vers l'équilibre de leurs comptes publics. Il rend aussi les sanctions un peu plus automatiques contre les pays dont les déficits publics dérapent. La règle d'or "a à voir avec les besoins de politiques intérieure de l'Allemagne", a déploré le chef de la diplomatie finlandaise.


Le Parlement européen dubitatif. Angela Merkel estime avoir besoin de garanties de gestion rigoureuse en Europe pour pouvoir faire accepter à son opinion les chèques aux pays en crise, mais «nous ne recevrons d'ordre de personne», a prévenu le ministre social-démocrate. Sur le fond, de nombreuses voix s'élèvent pour estimer que l'Europe gaspille son énergie avec ce pacte qui va nécessiter partout des procédures de ratification, dont l'apport par rapport à ce qui existe déjà est limité et dont les objectifs auraient pu être atteints par des moyens plus simples, tels que des textes de loi européens. C'est l'avis de la Commission européenne qui se retrouve un peu plus marginalisée par les capitales dans la gestion de la crise. Même si elle aura un rôle à jouer dans le cadre du traité, il s'agit d'un texte purement intergouvernemental. Mis à l'écart, le Parlement européen est aussi sceptique. «Le pacte budgétaire n'est pas une solution. La plus grande partie de ce qu'il prévoit existe déjà dans la législation. Tant que nous ne ferons pas en sorte que les gouvernements en Italie ou en Espagne puissent à nouveau emprunter à des conditions acceptables, nous ne sortirons pas de la crise», met en garde l'ex-Premier ministre belge et chef de file des Libéraux au Parlement, Guy Verhofstadt, dans une interview lundi au quotidien allemand Die Welt.

Pour les syndicats, ce traité institutionnalise l'austérité.  Les syndicats européens redoutent eux à l'inverse que la généralisation des règles d'or ait un impact bien réel. Ils ont commencé à se mobiliser sur la question, avec une journée d'action prévue le 29 février. Mot d'ordre: le nouveau pacte budgétaire va "institutionnaliser l'austérité". En Belgique, les organisations syndicales ont pris les devants en adressant un signal fort  : une grève générale contre les mesures d’austérité, en particulier celles qui concernent les retraites et l’indemnisation du chômage. Les trois centrales syndicales du pays – FGTB (socialiste), CSC (chrétienne), FGLB (libérale) – ont maintenu le mot d’ordre en dépit des pressions incroyables dont elles font l’objet. Pressions qui ne surprennent guère de la part du ministre des Pensions, le libéral flamand Van Quickenborne, mais davantage quand elles viennent de ministres socialistes. Le premier d’entre eux, Elio Di Rupo, a reproché aux syndicalistes de «conduire les citoyens vers l’abîme». Le jeune chef des socialistes flamands, Bruno Tobback, va plus loin en les accusant d’utiliser " la bombe atomique". Rien que ça ! Les syndicats, de leur côté, soulignent que la grève n’a pas pour but de faire tomber un gouvernement que la Belgique a si longtemps attendu, mais d’obliger ce dernier et le patronat à entendre leurs propositions pour répondre à la crise. "Ces derniers mois, explique Claude Rollin, secrétaire général de la CSC, ont montré que la concertation ne fonctionne plus. Or, c’est par elle que nous obtiendrons quelque chose de socialement juste et économiquement intelligent."

 

L'accord Merkozy ne doit pas être ratifié !
Par Pierre Laurent, le 30 janvier 2012
Les chefs d’État et de gouvernement de l’UE se réunissent en Conseil aujourd’hui pour peaufiner leur projet d’« accord international pour une union économique ». Loin de permettre une sortie de crise, cet accord est une soumission aggravée aux logiques financières qui conduisent au chaos. La « règle d’or », qui grave dans le marbre les critères du pacte de stabilité et de croissance, prévoit des sanctions automatiques et des obligations pour les États de négocier des plans d’austérité avec l’UE. Les chefs d’États s’obstinent dans des choix politiques qui tuent la croissance et jettent les peuples dans la misère et le désarroi. Ce traité, c’est le débarquement assuré de la « Troïka », le pillage des biens communs et la casse des droits sociaux, dans tous les pays de l’Union.
Avec le transfert du pouvoir budgétaire des parlements nationaux vers la commission, ils remettent en cause les souverainetés populaires, et ils le font sans débat ni consultation des citoyens. C’est une attaque sans précédent des droits politiques élémentaires des peuples européens, un changement de régime vers la dictature des marchés.
Pour avoir une vision claire de l’Europe qu’ils préparent, voyons ce qu’il se passe en Grèce, qu’Angela Merkel veut mettre officiellement sous tutelle ; ou en France, où Nicolas Sarkozy vient d’annoncer un 3ème plan d’austérité augmentant les impôts indirects et cassant les conventions collectives sur le temps de travail pour financer de nouveaux cadeaux au patronat. Au final, c’est l’autodestruction de l’Union Européenne qui est en cours. L’UE ne peut se construire contre les peuples et dans la suspicion permanente entre les États membres. Jamais les institutions européenne n’auront la légitimité qu’elles revendiquent en prenant des décisions autoritaires et néfastes pour les peuples. Jamais l’idée d’union ne sera préservée si un État peut demander la mise sous tutelle d’un autre. Il n’y aura pas d’Union dans la division et la mise en concurrence des peuples. Au nom du Parti de la gauche européenne, je rejette cet accord international et nous mènerons campagne dans tous les pays de l’Union pour qu’il ne soit pas ratifié.

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