Les patrons du CAC 40 s'en sont mis plein les pôches
Maurice Lévy peut se réjouir
Malgré la crise, la rémunération moyenne des patrons du CAC 40 s'est élevée à 4,2 millions en 2011, en hausse de 4% sur un an, selon le cabinet Proxinvest.
Maurice Lévy a été cette année là le mieux payé des patrons français. Par Julie Labrosse
2011
aura encore été une année florissante pour les patrons du CAC 40. Malgré la crise, et la chute des cours de bourse, la rémunération des grands patrons a continué de progresser légèrement en 2011,
de 4%, se maintenant à un niveau élevé par rapport aux autres pays européens, a indiqué mardi le cabinet Proxinvest, spécialisé dans la gouvernance d'entreprises. Cette rémunération a atteint en
moyenne 4,2 millions d'euros l'année dernière en hausse de 4% par rapport à 2010, année où les rémunérations avaient déjà flambé de 34%. Dans le détail la rémunération moyenne d'un patron du CAC
40 se décompose comme suit: 24% en rémunération fixe, 32% en variable annuel, 16% d'autres avantages, 16% en actions gratuites et 12% en options. Retraitée des indemnités de départ, la
rémunération moyenne totale des présidents exécutifs du CAC 40 baisse de 3%, note cependant Proxinvest.
Le CAC 40 a chuté de 17% sur la période. Dans le même temps, les cours de Bourse, eux, ont pourtant eu tendance à fléchir, attestant une nouvelle fois de la décorrélation entre les performances de l'entreprise et la rémunération des grands patrons. En 2011, l'indice vedette a ainsi perdu 17% de sa valeur, relève Proxinvest. Cette année là, la rémunération moyenne des patrons du CAC est toutefois restée loin de son niveau d'avant crise: 5,7 millions en moyenne en 2006.
19,6 millions d'euros: la plus forte rémunération. Maurice Levy (Publicis) a été l'année dernière le mieux payé des patrons français (19,6 millions d'euros) grâce notamment au
versement anticipé de plusieurs bonus, suivi par Carlos Ghosn (Renault, 13,3 millions d'euros), et de Bernard Charlès (Dassault Systèmes, 10,9 millions). Mais ces rémunérations ne prennent pas en
compte les régimes de retraite supplémentaire, dont bénéficient certains dirigeants. A titre de comparaison en 2010, le patron le mieux payé selon Proxinvest était Jean-Paul Agon (L'Oréal), suivi
de Bernard Arnault (LVMH), et de Carlos Ghosn (Renault).
14 dirigeants au dessus de 240 SMIC. Quatorze dirigeants français ont dépassé en 2011 un plafond établi par Proxinvest de 240 Smic annuel soit actuellement 4,6 millions
d'euros.
Certains bonus non mérités? Dans le détail, les bonus annuels ont baissé de 8,6%, mais ils se maintiennent à un niveau élevé (124% du salaire fixe en moyenne). Comme le souligne
l'étude, certains bonus comme ceux versés par Carrefour, GDF Suez, SCOR, Peugeot, Dexia, montrent que la part variable n'est pas toujours en ligne avec la performance perçue par l'actionnaire. De
manière générale, "la politique de rémunération des grandes sociétés françaises manque de transparence et est beaucoup trop court-termiste. Il faut absolument étudier la performance d'un
dirigeant sur au moins trois années pleines", estime Proxinvest.
Moins de stock-options. Sur la structure de la rémunération, Proxinvest note que la part des stock-options dans le salaire type du CAC 40 a été divisée par 4,5 (de 51,5% à 11,5%)
en 5 ans, au profit notamment des attributions d'actions (avec conditions de performance), et d'une progression de la partie fixe de la rémunération : "Pour la première fois, la part
fixe moyenne de la rémunération dépasse 1 million d'euros pour le CAC 40, ce qui fait mécaniquement monter la part variable et plus tard les retraites, qui sont calculées en pourcentage de la
part fixe", signale Loïc Dessaint, directeur associé de Proxinvest.
Sixième place en Europe . A comparer au reste de l'Europe, la France se situe à la sixième place derrière le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne, la Suisse et l'Italie. La baisse
des rémunérations des sociétés côtées a été plus importante en Europe qu'en Hexagone, avec une chute de 5% en 2011.
2,06 millions d'euros: le salaire moyen d'un dirigeant du SBF 80. En moyenne un dirigeant du SBF 80 (peloton des 80 entreprises qui suit les 40 plus grandes capitalisations
boursières) est deux fois moins rémunéré qu'un dirigeant du CAC 40 avec 2,06 millions d'euros (contre 2,1 en 2010).
Les 10 premières rémunérations 2011
Maurice Lévy (Publicis): 19,6 millions d'euros - Carlos Ghosn (Renault): 13,3 millions d'euros - Bernard Charlès (Dassault Systèmes): 10,6
millions d'euros - Bernard Arnault (LVMH): 10,8 millions d'euros - Jean-Paul Agon (L'Oréal): 7,7 millions d'euros - Chris Viehbacher (Sanofi):
7,1 millions d'euros - Franck Riboud (Danone): 6 millions d'euros - Gérard Mestrallet (GDF Suez): 4,8 millions d'euros - Jean-Pascal
Tricoire (Schneider Electric): 4,7 millions d'euros - Thierry Pilenko (Technip): 4,63 millions d'euros - Henri de Castries .(Axa): 4,58 millions d'euros