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Manifestations à Tunis après l'assassinat de Chokri Belaïd

Publié le par Daniel Sario

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Chokri Belaïd, l'un des responsables de l'opposition laïque en Tunisie, a été abattu ce mercredi devant son domicile à Tunis. Le meurtre de ce dirigeant du Front populaire intervient alors qu'il avait dénoncé la collusion entre les militants du parti au pouvoir Ennahda et les islamistes.


«Des échauffourées ont eu lieu et une dizaine de nos militants ont été blessés» avait déclaré mardi Chokri Belaïd, secrétaire général du parti des Patriotes démocrates. Il avait alors dénoncé l'inaction des forces de sécurité et mis en garde contre la menace de nouvelles violences. Il avait surtout dénoncé les "tentatives de démantèlement de l’Etat" qui allait de paire avec la "création de milices pour terroriser les citoyens et entraîner le pays dans une spirale de violence à travers les ligues de protection de la révolution", aux mains des islamistes. Pour lui, cet enchaînement de violence était instrumentalisé par le parti Ennahda au pouvoir.
Cet assassinat a été "planifié et exécuté par des professionnels", a estimé Hamma Hammami qui pointe la responsabilité du gouvernement, d'une indulgence coupable, selon lui, vis-à-vis des violences islamistes. "Il a été commis par des partis politiques qui veulent enfoncer le pays dans le meurtre et l'anarchie. Tout le gouvernement, et tout le pouvoir assume la responsabilité de ce crime odieux car les menaces contre Chokri et d'autres ne datent pas d'aujourd'hui", a expliqué cet autre leader du Front de gauche, qui s'exprimait ce matin devant la clinique d'Ennasr où Chokri Belaïd avait été amené en urgence et où une foule compacte s’est rassemblée dès l'annonce du meurtre.

"J'accuse Rached Ghannouchi". La famille du défunt a d'ores et déjà accusé le mouvement islamiste Ennahda d'être l'instigateur du crime sans plus d'explications. Le frère du défunt, Abdelmajid Belaïd, a ainsi lancé: "J'accuse (le chef d'Ennhada) Rached Ghannouchi d'avoir fait assassiner mon frère", sans plus d'explication pour étayer cette accusation.
Dans un tel contexte, le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali, du parti islamiste Ennahda, s'est empressé ce mercredi de dénoncer un "acte de terrorisme" contre toute la Tunisie, commis selon lui par un homme portant un vêtement de type burnous, sorte de long manteau traditionnel en laine avec une capuche pointue, qui a tiré trois balles à bout portant.
Il s'agit d'un "virage dangereux" a poursuivi le chef du gouvernement. "Après la violence verbale et matérielle, on est passé à l’usage des armes", a-t-il déploré, avant de demander que "tout le monde soit soudé devant ce phénomène de violence". Cet appel intervient alors que la coalition au pouvoir est en train de se fissurer, les deux alliés de centre-gauche Ettakatol et le Congrès pour la République, réclamant un remaniement d'ampleur du gouvernement pour retirer aux islamistes des ministères régaliens. Plusieurs partis d'opposition et des syndicalistes ont accusé des milices pro-islamistes, la Ligue de protection de la révolution, d'orchestrer des heurts ou des attaques contre les opposants ou leurs bureaux. Les partisans de ce mouvement sont accusés notamment d'avoir tué en octobre un dirigeant régional du parti d'opposition Nidaa Tounès à Tataouine.

 

Des affrontements à Tunis.  La situation a rapidement dégénéré dans l'après-midi après l'annonce de l'assassinat de l'avocat Chokri Belaïd, figure de l'opposition de gauche. De nombreux Tunisiens sont descendus dans les rues des grandes villes du pays, principalement à Tunis, où la célèbre avenue Bourguiba a permis une nouvelle fois aux manifestants de crier leur colère. Dans la capitale, une foule de jeunes a attaqué par des jets de pierres la police, érigeant des barricades malgré les tirs de grenades lacrymogènes. Un blindé de la garde nationale a tiré des salves de gaz alors que les manifestants utilisaient des poubelles et des tables de café pour leurs barricades. "Le policier Lotfi Alzaar, 46 ans, est mort dans l'après-midi des suites d'une blessure à la poitrine provoquée par des jets de pierres lors d'une opération pour disperser un groupe de manifestants à Bab El-Jazira", a annoncé le ministère de l'intérieur. Aucun autre bilan de ces affrontements n'a été annoncé pour le moment. Quatre formations de l'opposition tunisienne – le Front populaire (gauche), le Parti républicain, Al Massar et Nidaa Tounes (centre) – ont lancé un appel à la grève générale jeudi et annoncé la suspension de leur participation à l'Assemblée nationale constituante.

 

PCF : "La révolution tunisienne est directement visée". Le secrétaire général du Parti des Patriotes démocrates unifiés et leader du Front de Gauche, Chokri Belaïd, a été assassiné ce matin à Tunis. Cet assassinat suscite une très grande émotion. Le Parti communiste français exprime avec la plus grande force son indignation et sa condamnation devant ce crime odieux. Cet acte criminel confirme les menaces qui pèsent aujourd'hui sur la Tunisie de la part de forces hostiles à la démocratie et à un État de droit. C'est la «révolution » tunisienne qui est directement visée. Ce sont les aspirations populaires, l'espoir d'un vrai changement qui sont attaqués.

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