Non aux clichés xénophobes de l’UMP !
Manifestation le 4 avril dernier à Paris.
Alors que la droite, par des provocations quotidiennes, instrumentalise l’immigration, des rassemblements sont organisés partout en France samedi, à
l’initiative du collectif D’ailleurs nous sommes d’ici.
Lui, il ne connaît pas de limites. Pas une semaine sans que Claude Guéant ne monte «au front » pour dénoncer une « immigration incontrôlée » qui donne aux Français « le
sentiment de ne plus être chez eux ». Échecs scolaires, chômage, immigration légale, le ministre de l’Intérieur, avec ses déclarations mensongères, a vite fait oublier son prédécesseur. Si
la France de Claude Guéant n’a pas besoin « de maçons et de serveurs de restaurant », l’UMP, elle, ferait mieux d’embaucher directement Le Pen. Non content d’avoir rompu les digues qui le
séparaient du FN, le parti de Sarkozy est décidé à surfer sur la boue xénophobe jusqu’en 2012. « Ça n’a rien à voir avec la xénophobie, c’est un problème comptable. Il y a un certain nombre
de mesures à caractère social, dont peuvent bénéficier les immigrés », que « nous ne pouvons pas financer », a déclaré mardi Jean-François Copé. Et le secrétaire général de l’UMP de conclure
par l’annonce d’une convention UMP sur l’immigration, le 7 juin. Comment s’étonner, dès lors, que les préjugés s’expriment très facilement : « 32 % des personnes pensent que les Noirs sont
plus forts physiquement que les autres, contre 24 % en 2009 et 28 % en 2010 », révèle un sondage publié lundi par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et SOS Racisme.
Mais des citoyens s’unissent contre cette stratégie de la confusion et de la peur. Syndicalistes défendant les travailleurs sans papiers, collectifs de sans-papiers, parents d’élèves mobilisés au
sein du Réseau Éducation sans frontières et partis progressistes ne travaillent plus séparément. Depuis novembre 2010, ils sont réunis au sein du collectif D’ailleurs nous sommes d’ici
et appellent à un grand défilé parisien de Barbès à Nation (14 heures). Et pour ne plus répondre au coup par coup, des collectifs locaux ont été lancés pour se battre partout contre cette
lepénisation des esprits visant à détourner l’attention des classes populaires des dégâts du libéralisme.
1. La France n’a pas besoin de maçons étrangers.. En ciblant l’immigration par le travail, Claude Guéant recycle le vieux refrain frontiste : «Y nous piquent nos
boulots», soigneusement nappé d’un coulis d’immigration « choisie ». Objection ! Malgré un taux de chômage attisé par la crise, les postes non pourvus continuent à fleurir. Les
« offres valables d’emploi », pourtant si difficiles à refuser, n’y ont rien changé : entre 300 000 et 600 000 postes sont invariablement boudés par les Français. Ce sont les fameux
métiers dits « sous tension », au premier rang desquels trônent la restauration… et le BTP. Des jobs physiques, à horaires décalés et payés au lance-pierre. On comprend aisément que ceux
qui ont le choix ne se bousculent pas au portillon, au nom de la sacro-sainte valeur travail. Le constat a beau être cynique, il prouve qu’il n’existe pas de concurrence entre nationaux et
étrangers sur ce plan. D’autant que, sur les 20 000 immigrés ayant obtenu un titre de séjour par le biais de leur activité professionnelle en 2009, seuls 16 % sont des ouvriers ou des employés
non qualifiés, ces emplois étant davantage prisés par les ressortissants européens qui, eux, n’ont pas besoin de permis de travail.
2. L’immigration coûte cher aux finances publiques. «Il y a un certain nombre de mesures sociales, dont peuvent bénéficier les immigrés, que nous ne pouvons pas
financer», estime Jean-François Copé. Mais, en réalité, l’immigration, c’est tout bénef ! Jeunes, avec peu de dépenses de santé et des taux de chômage moins importants que les autochtones,
les étrangers travaillant en France rapportent 12 milliards d’euros à la Sécurité sociale, d’après une étude de l’université de Lille-II de juillet 2010. Privés de la nationalité, ils ne peuvent
pas bénéficier des allocations familiales. Au lieu de s’interroger sur les coûts des immigrés, la droite ferait mieux de se pencher sur celui de sa politique migratoire. L’État consacre 394
millions d’euros chaque année à entretenir les centres de rétention. Une somme dérisoire à côté du demi-milliard d’euros dépensé pour assurer les 28 000 reconduites à la frontière organisées en
2010, et qui coûtent près de 27 000 euros chacune.
3. La France est submergée par les flux migratoires. Faire trembler les citoyens avec les flux migratoires incontrôlés qui menaçaient d’arriver en France après les révolutions
arabes n’était pas suffisant pour Nicolas Sarkozy. Il est «de bon sens», pour le chef de l’État, de poser aussi « la question de l’immigration légale », «avec (nos)
difficultés à fournir un travail à tous (nos) nationaux, et un chômage à 23 % pour les étrangers non communautaires». Mensonges. Selon l’Institut national d’études démographiques, le nombre
d’étrangers en France n’a cessé de baisser, pour s’établir à 5,8 % de la population. Des chiffres inférieurs à ceux de l’Allemagne ou de l’Espagne, où l’immigration est pourtant bien plus récente
qu’en France. Quant aux 20 000 Tunisiens passant la frontière à Vintimille, ils ont suscité maintes affabulations, alors qu’ils ne sont qu’une faible minorité comparés aux 600 000 réfugiés
provisoires de l’ex-Yougoslavie accueillis par les États européens dans les années 1990, ou aux 130 000 boat-peoples arrivés dans l’Hexagone à la fin des années soixante-dix.
4. Les deux tiers des échecs scolaires concernent les enfants d’immigrés. Des statistiques trafiquées pour mieux stigmatiser. «Les deux tiers des échecs scolaires, c’est
l’échec d’enfants d’immigrés», a asséné le ministre de l’Intérieur, dimanche, sur Europe 1. Les deux tiers ? C’est l’OCDE et le rapport 2010 du Haut Conseil à l’intégration (HCI) qui le
disent, affirme le ministère. Sauf que c’est faux. Selon l’OCDE, un quart des échecs scolaires, au maximum, sont susceptibles de concerner ces enfants, puisqu’ils ne représentent que 13 % des
élèves soumis aux épreuves. Dans le rapport 2010 du HCI non plus, rien ne confirme cette statistique «pifométrique». Certes, il y est dit que les élèves issus de l’immigration
connaissent plus de difficultés (27 % d’entre eux préparent un bac général, contre 40 % pour les autres). Mais c’est la profession et le niveau d’études de leurs parents, plus que leur origine et
les facteurs culturels, qui pèsent sur leur destin scolaire. D’ailleurs, à niveau social équivalent, les enfants d’immigrés, portés par une plus grande ambition, réussissent mieux, souligne le
rapport.