PSA Aulnay : le "plan B" de la CGT
Jean-Pierre Mercier, Cgt-PSA Aulnay
La CGT du groupe PSA a présenté lundi son "plan B" pour contrer "le plan Varin" et ses 8 000 suppressions de postes. Pour le syndicat, la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois en 2014 n'est "ni inéluctable ni industriellement justifiée"
Le syndicat a présenté à la presse son plan de secours à la veille d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire mardi matin sur le projet de
restructuration, et lors duquel sera remis le rapport réalisé par le cabinet d'expertise Secafi à la demande des élus du CCE sur le plan social. Pour la CGT, le plan en l'état compromettrait
l'avenir de PSA et l'ensemble de la filière automobile. Il provoquerait "le rétrécissement de la gamme et en affaiblissant les capacités de la R&D", secteur fortement touché avec 1
400 suppressions de postes prévues dans le plan présenté en juillet.
Un apport de 1,5 milliard d'euros au capital de PSA. La CGT, s'appuyant sur les rapport Secafi et Sartorius (commandé par le gouvernement), souligne la nécessité d'une
restructuration financière et préconise un apport de 1,5 milliard d'euros au capital de PSA de la famille Peugeot et de ses sociétés financières FFP et Peugeot Frères. "Quand le président du
directoire Philippe Varin a voulu rattraper le retard de la globalisation, l'argent qu'il attendait des marchés européens n'était plus là", avec des ventes en berne "en raison de la
politique d'austérité européenne", l'argent avait aussi "été dilapidé par les actionnaires", via 6 milliards d'euros de dividendes et de rachats d'actions au cour des 13 dernières
années, a expliqué Bruno Lemerle, délégué PSA. Le plan par le constructeur automobile "ne répond pas aux enjeux financiers auxquels le groupe PSA est confronté", "pour la seule
fermeture d'Aulnay, le rapport Secafi indique un coût indicatif de 250 millions d'euros qui plomberait les comptes PSA jusqu'en 2017".
Selon la CGT, la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois en 2014 n'est "ni inéluctable ni industriellement justifiée" et entraîne par ailleurs des surcharges sur certains sites, dont
Sochaux, à l'horizon 2016-2018. La CGT PSA propose pour le volet industriel un scénario permettant la répartition des productions entre les sites, y compris celui de Seine-Saint-Denis, en
utilisant la souplesse du site de Mulhouse. L'équilibrage est assuré par le transfert de productions des sites les plus chargés (Trnava en Slovaquie, Sochaux) vers les sites les moins chargés
(Aulnay et Mulhouse).
Secafi a conclu à la faisabilité de ce scénario qui permet de faire tourner toutes les usines, nécessite 97 millions d'investissements, dont 20 millions de frais transitoires,
amortis sur 7 ans, selon la CGT. La CGT demande donc à Philippe Varin de renoncer à la fermeture d'Aulnay et de négocier avec les syndicats la mise en oeuvre de ce scénario. Pour le volet social,
la CGT PSA veut réduire le nombre de suppressions d'emplois, et sécuriser les transitions professionnelles et les fins de carrière. Elle prône un système de préretraite-pénibilité à partir de 55
ans, les salariés de plus de 55 ans étant près de 1.800 à Aulnay et Rennes, selon la CGT. Le syndicat brandit comme arme dans la négociation d'éventuelles actions en justice, notamment sur le
flou, souligné par Secafi, entretenu par la direction sur les effectifs et les suppressions de postes déjà réalisées ou envisagées.