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Sommet de la Terre : Rio+ flop

Publié le par PcfBalaruc

Durban tribune
Le texte qui doit servir de base à l’accord de Rio a été finalisé cette nuit. Il est mauvais !, affirment unanimement ONG, politiques et autres observateurs… Par Marie-Noëlle Bertrand

Personne ne l’aime. Le texte, qui doit servir de bases à des négociations que l’on pourrait croire déjà achevées, tant les commentaires à leur égard paraissent définitifs et quand bien même elles n’ont pas démarré, n’obtient l’assentiment de personne. Après moult aller-retour, les négociateurs l’ont finalisé hier soir (dans la nuit, à l’heure française), ultime limite pour que les représentant des gouvernements mondiaux aient le temps d’en éplucher les deux cent et quelques paragraphes avant que ne s’ouvre officiellement le sommet de la Terre (ce soir à l’heure française). Il y aura eu du travail dessus. Mais ni des diplomates qui l’ont coupé, rallongé, recoupé, amendé, bref, trituré au cours de cette dernière semaine ; ni les spécialistes et autres conseillers gouvernementaux ; ni des ONG, associations et organisations politiques - parmi celles qui se sont exprimées -, ne lui reconnaissent de valeur. Tous y voient, dans le meilleur des cas, un objet bien trop faible au regard de ce que l’on pouvait attendre d’un « Rio+20 ».

Côté français, les acteurs de l’Iddri, Institut du développement durable et des relations internationales rattaché à Sciences-Po et qui suit de longue date les négociations internationales sur l’environnement, n’ont pas de mots assez durs, dans leur langage, pour qualifier le projet d’accord. Aucune avancée depuis Rio 92, estime ainsi Laurence Tubiana, sa directrice. "Il est clair que les pays ne voient pas d’intérêt à coopérer, ils y voient un coût, pas un bénéfice." Lucien Chabasson, son conseiller, juge pareillement les résultats "dérisoires". Pour Sandrine Bélier, députée européenne d’Europe écologie les Verts (EELV), et corédactrice de la résolution du Parlement européen sur le Rio+20, la déception se lit au regard "de l’absence de réponses innovantes à apporter aux enjeux sociaux et environnementaux" autant que "de l’incapacité des dirigeants à prendre des engagements." Il s’agirait donc au mieux d’une resucée de l’accord signé ici même voilà vingt ans, auquel les délégués internationaux n’auraient rien apporté, ni sur les chapitres de l’énergie, des océans et de la biodiversité, ni sur ceux de l’agriculture, de la pêche ou encore du travail décent. Seul le chapitre des ODD - objectifs de développement durable, sensés prendre le relais des Objectifs du millénaire après leur achèvement, en 2015, pourrait constituer un progrès.


Pourquoi un tel chao diplomatique ? Manque de leadership, pointent certains. L’Europe a perdu le sien à Copenhague et ne parvient plus à le retrouver. Le Brésil, qui présidait les discussions préliminaires, n’a pas su trouver sien et peine à prendre conscience du rôle que lui confère sa place de 6ème puissance économique mondiale. L’opposition Nord-Sud reste également très puissante. Grands émergeants, pays en développements et peuples indigènes revendiquent chacun leur place est leurs droits, exigence dont les pays du Nord veulent bien admettre qu’elle puisse être légitime… mais jugent très encombrante. Notamment quand la revendication porte sur les soutiens économiques.
L’Europe, et avec elle la France, poussait sur la mise en œuvre d’une économie verte - hautement récriée par une partie de la société civile - qui n’a visiblement pas avancée comme espéré. Car de leur côté, Etats-Unis et Canada se sont attachés à en rejeter autant que possible tout ce qui pouvait encore apparaitre comme une contrainte ou une reconnaissance de droit. En résulte un machin plus aseptisé que fourre-tout, combinaison minimaliste de ce que chacun était près à accepter ou refuser. Les chefs d’Etats et de gouvernements, qui se réuniront à partir de cet après-midi (ce soir heure française) et jusqu’à vendredi, ne sont, normalement, pas censés retoucher le texte, si ce n’est à la marge, mais l’adouber.
Alors qu’ils se voient interpeller de toute part pour ne pas en rester là, il n’est toutefois pas exclue qu’ils reprennent la plume à la suite de leurs diplomates. La France et l’Allemagne l’ont d’ores et déjà dit, lundi : les négociations durent jusqu’au 22 juin, dernière minute inclue. Le scénario de débats marathon, d’ailleurs, s’est déjà vu. A Durban, cet hiver, les négociations climatiques se sont mêmes achevées avec 36 heures de retard. Plus tard encore qu’à Copenhague, où l’ultime coup de crayon donné par quelques chefs d’Etats avait débouché sur l’accord que l’on sait, et qui restera dans l’histoire sous le qualificatif d’échec.

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