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Une partie du patronat veut traiter la question des travailleurs sans papiers

Publié le par PcfBalaruc

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Francine Blanche (CGT) : "sortir de cette grève inédite nécessite que des critères clairs de régularisation soient définis".

 

Alors que le gouvernement cherche à en finir avec le mouvement de grève des travailleurs sans papiers, entamé en octobre 2009 et qui touche quelque 2 000 entreprises, une prise de conscience sur la nécessité de traiter "lucidement" cette question s'étend au sein du patronat. Par Laetitia Van Eeckhout


Le 8 mars, les syndicats CGT, CFDT, UNSA, Sud, le mouvement patronal Ethic, la CGPME ainsi que le Syndicat national des activités du déchet (SNAD) ont lancé un appel en faveur de l'ouverture d'une discussion tripartite - patronat syndicats, gouvernement - sur la régularisation des salariés sans titre de séjour mais occupant des emplois déclarés. Ils ont été rejoints, il y a quelques jours, par de nouveaux représentants du patronat tels des membres de la Fédération des entreprises de propretés et le mouvement Entreprise et Progrès.
Jeudi 1er avril, lors de la présentation de son nouveau projet de loi, le ministre de l'immigration, Eric Besson, a redit sa détermination à faire cesser les occupations d'entreprises. "Les étrangers sans titre de séjour qui demandent leur régularisation en occupant de manière illégale des locaux publics ou privés continueront à être évacués", a-t-il déclaré. Le matin, la police avait évacué le siège du Fond d'assurance formation des salariés de l'artisanat du BTP (FAF-SAB), à Paris, qui était occupé depuis le 15 décembre 2009 par des dizaines de travailleurs sans-papiers.
"Promettre la régularisation à tout étranger sans titre de séjour exploité par une entreprise française, ce serait encourager les filières clandestines à poursuivre leur triste et sordide commerce", a justifié le ministre. Pas un mot de l'appel lancé par les syndicats et le patronat. Le 10 mars, son directeur de cabinet, avait opposé une fin de non-recevoir à Sophie de Menthon, présidente d'Ethic, arguant que l'appel lancé n'était pas formellement signé.
La démarche fait pourtant des émules bien que peu d'employeurs osent encore l'exprimer à visage découvert. Membre du conseil d'administration du SNAD, en tant que DRH de Véolia Propreté, Pascal Decary assure recevoir des appels de ses homologues l'encourageant à poursuivre la démarche initiée avec les syndicats. Il explique que beaucoup d'employeurs sont réticents à porter en préfecture le dossier du salarié dont ils découvrent qu'il a un faux titre de séjour, "craignant que cela ne se retourne contre eux". Michel Antoine, responsable du Medef dans l'Essonne, dit lui aussi être de plus en plus sollicité par des entreprises se sentant "dépourvues" alors qu'elles souhaitent garder leurs salariés.
La loi du 20 novembre 2007 a certes créé une possibilité de régularisation par le travail mais elle a laissé entière la question des risques encourus par les employeurs qui demande la régularisation de leurs salariés. C'est notamment ce vide juridique que veulent soulever les promoteurs de l'appel. "Ces personnes travaillent depuis plusieurs années dans les entreprises et sont déclarées, elles ont droit à une régularisation", insiste M. Decary. "Ces travailleurs répondent à un besoin", appuie Charles Mercer, président de la Fédération nationale de l'habillement, qui estime qu'il y a une réalité économique qui s'impose : "Il y a des métiers que les nationaux ne veulent pas exercer."
Même au sein de la direction du Medef, on reconnaît officieusement qu'il existe "un vrai problème légitime" et que la situation de ces travailleurs mérite d'être posée. Pas hostile à une démarche tripartite entre le patronat, syndicat, gouvernement, le Medef pose toutefois comme préalable la fin des occupations d'entreprises. Pour Francine Blanche de la CGT, qui soutient le mouvement de grève, "sortir de cette grève inédite nécessite au contraire que des critères clairs de régularisation soient définis". Pour sortir de l'impasse, la syndicaliste appelle le gouvernement à s'appuyer sur la démarche de dialogue social initiée par les partenaires sociaux. "Nous attendons de pouvoir discuter avec le gouvernement afin de traiter concrètement ce problème réel", confirme Béatrice Bourges, secrétaire général d'Entreprise et Progrès.

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