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Espagne : la "trahison historique" des socialistes

Publié le par Daniel Sario

Le Parti socialiste d'Espagne a choisi de laisser la droite de Mariano Rajoy revenir au pouvoir plutôt que de s'allier à Unidos Podemos pour une alternative de gauche. Le PSOE s’abstiendra lors du vote de confiance pour laisser la droite, minoritaire, poursuivre sa politique conservatrice.

Le roi d'Espagne a entamé hier, lundi, les consultations avant de confier au conservateur Mariano Rajoy la formation d'un nouveau gouvernement. Celui-ci se présentera alors devant le Parlement, où il est assuré d'être investi avec le soutien des 137 députés de son Parti populaire (PP) et des 32 libéraux de Ciudadanos, grâce à l'abstention des 85 élus socialistes.

Sans majorité au Parlement,  Rajoy devra la jouer fine, mais le Parti socialiste qui, en s'abstenant, cautionnne sa reconduction au pouvoir  peut-il prétendre incarner une opposition sérieuse? Ce rôle devrait plutôt revenir à  Unidos Podemos qui, promet une grande manifestation de protestation le jour même de l'investiture qui aura sans doute lieu avant la fin de ce mois.

Le Parti socialiste avait la possibilité de construire une alternative à gauche avec Unidos Podemos (Izquierda Unida et Podemos) mais les caciques du parti conduit par l'ancien premier ministre Felipe Gonzalez et Suzanna Diaz, la présidente de l'Andalousie, ont fait capoter cette possibilité en organisant une sorte de coup d'Etat qui a eu la tête du secrétaire général du PSOE Pedro Sanchez.

Celui-ci refusait catégoriquement de laisser le conservateur Mariano Rajoy se maintenir au pouvoir, après un premier mandat marqué par d'innombrables scandales de corruption, la volonté de limiter l’IVG, la criminalisation de l'action syndicale, la montée du chômage et l'explosion des  inégalités sociales. Les socialistes ont pourtant préféré Rajoy plutôt que de risquer un résultat électoral encore plus humiliant qu'en décembre 2015 et en juin 2016, dans le cas de nouvelles élections.

Malgré le vote de dimanche, certains députés PSOE, notamment les catalans, refusent de se plier à la discipline de parti. "Nous désobéissons, et nous sommes prêts à en assumer les conséquences", a déclaré lundi à la radio leur chef, Miquel Iceta. Ils accusent le Parti Populaire de Rajoy d'être responsable de la montée de l'indépendantisme et dénoncent le divorce entre les organes dirigeants du parti et les militants, plus favorables au "non à Rajoy".

Le leader de Podemos, Pablo Iglesias, a déclaré dès dimanche soir que "les masques sont tombés", dénonçant la formation d'une "grande coalition" entre les socialistes et la droite. De son côté Alberto Garzon, le coordinateur d'Izquierda Unida, dénonce une  "trahison historique qui a des bénéficiaires". "Des millions de personnes qui attendaient une alternative sont frustrées tandis que d'autres, une minorité sociale qui en profite avec le PP vont déboucher le chamagne". "Les masques sont tombés. Au PSOE ce ne sont pas les militants et les électeurs qui gouvernent, mais une oligarchie".

Le co-porte-parole d'Unidos Podemos à conclu : "Le PSOE a préféré être la garde prétorienne et les subalternes du seigneur de la Gürtel (1), plutôt que de l'alternative (à gauche)". Et il a lancé : "l'opposition c'est nous !"

(1) - Allusion au scandale des détournements de fonds publics de la Gürtel, actuellement jugé, qui ont financé le Parti Populaire.

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