11.000 à Béziers, 250 à Balaruc, 60.000 à Montpellier
Dans l'Hérault, les manifestations du samedi 2 octobre ont réuni autant de personnes que le 23 septembre et fait la démonstration qu'il n'y avait pas de décrue. Trois millions de manifestants en France.
Plus de 11 000 manifestants dans les rues de Béziers ont réclamé le retrait de la loi en discussion au Parlement concernant les retraites. De nombreux habitués des
manifestations Biterroises s'étonnaient de retrouver dans le cortège qui un voisin, qui un collègue de travail dont pour certains c'était la première manifestation. Derrière les banderoles et
drapeaux de la CGT en grand nombre, la section de Béziers du PCF avec de nombreux communistes et sympathisants avec drapeaux rouges et pancartes, au recto : "retraite taux plein à 60
ans" et au verso : "retraite taxons le capital". Venaient ensuite la CFDT, FO, la CFTC, l'UNSA, solidaire, le PS, le NPA, la CNT... La manifestation s'est terminée sur les
allées Paul Riquet, noire de monde, pour entendre au nom de l'intersyndicale, une représentante de l'Union Locale Cgt dénoncer la réforme des retraites voulue par le MEDEF pour augmenter leurs
profits et appeler à passer à un cran supérieur le 12 octobre...
A Balaruc-les-Bains, cela faisait près de
trente ans que le mouvement social n'avait pas organisé de rassemblement. Ce retour aux bonnes et vieilles habitudes a été couronné de succès puisque 250 personnes ont répondu à l'appel de la
section des retraités Cgt de la cité thermale parmi lesquels de nombreux curistes mais aussi le maire de la commune et son conseil municipal. Devant le pavillon Sévigné où les drapeaux de la Cgt,
de la FSU et du Parti communiste flottaient agités par une légère brise marine, les manifestants ont signé une carte-pétition tendue par les militants communistes. Henri pascal au nom de la Cgt a
appelé à renforcer encore le mouvement pour le 12 octobre.
A Montpellier, les syndicats ont compté près de 60 000 personnes cet après-midi dans les rues de Montpellier (13 000 selon la police). Dans le cortège, des imitations de panneaux
de signalisation routière, cerclés de rouge, affichaient le chiffre 60, en référence à l'âge actuel de départ à la retraite. "UMP: Union des magouilles patronales", "Non au projet de réforme,
on ne veut pas payer et crever avant la retraite", "Prendre l'argent là où il est, fin des exonérations patronales, suppression des niches fiscales, suppression du bouclier fiscal",
pouvait-on lire sur des banderoles.
Des salariés du secteur privé s'étaient joints à la
manifestation. «On se voit mal dans une usine à venir travailler à 62 ans avec un déambulateur!», a déclaré Bruno Illaire, délégué syndical central CGT du groupe Kraft Foods France et
salarié de l'entreprise de torréfaction de café Jacques Vabre. Une centaine de salariés de Sanofi Aventis étaient également présents. Pierre Calichiama, délégué syndical CGT du site de
Montpellier, a estimé qu'il n'y avait "pas de fatalité": "On peut faire reculer le gouvernement. A nous de lui faire recouvrer l'ouïe car pour l'instant, il n'entend rien... ".
Sur le plan national, les syndicats français disent avoir réussi leur pari d'élargir la contestation contre la réforme des retraites en mobilisant environ trois millions de
manifestants samedi pour la troisième fois en un mois. Les dirigeants syndicaux, qui se réuniront lundi pour affiner leur stratégie, ont exhorté le gouvernement à sortir de son "blocage". Ils
préviennent qu'ils ne reculeront pas. "C'est l'une des manifestations les plus importantes depuis dix ans. Et ça fait trois fois de suite qu'on est toujours au même niveau", s'est
félicité François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT. "Réunir trois fois trois millions de personnes, c'est forcément une réussite", a déclaré le numéro un de Force ouvrière,
Jean-Claude Mailly, pour qui le gouvernement est "complètement gelé" sur sa réforme. "On ne reculera pas", a prévenu Bernard Thibault. "C'est pari réussi dans ce sens",
a estimé la dirigeante de la FSU, Bernadette Groison. "On rassemble des salariés, des jeunes, des familles (...), des manifestants qu'on ne voit pas habituellement".
Si les grandes centrales divergent sur le bien-fondé de lancer une grève reconductible, elles ont d'ores et déjà programmé une nouvelle journée d'action, avec grèves à la clé cette fois, le mardi
12 octobre. Le projet de loi, dont la mesure phare est le relèvement de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite, sera alors en cours d'examen par les sénateurs, auxquels les syndicats
réclament des modifications substantielles. "C'est familial, il y a des poussettes, c'est la France qui manifeste", s'est félicité un dirigeant CGT à Toulouse, où la mobilisation
était en hausse, toutes sources confondues. Selon un sondage CSA publié samedi dans le quotidien L'Humanité, 71% des Français soutiennent le mouvement, une progression de près de dix points en un
mois.