Croissance : une hirondelle ne fait pas le printemps

Christine Lagarde n'arrête pas de voir la sortie de crise

L'Insee détecte un léger mieux au second trimestre 2009 (+ 0,9%), qui met fin , techniquement, à un an de récession. Trop tôt pour se réjouir de quoi que ce soit : la France finira l'année en récession (-2,4% environ)  tandis que la situation de l'emploi et des salaires continue de se détériorer.
Depuis qu'elle est ministre de l'économie, Christine Lagarde voit régulièrement des "reprises d'activités", des "signes de relance de la croissance", des "améliorations" par ci, des "frémissements" par là. Il ne se passe pas de mois sans qu'elle annonce la prochaine sortie de crise. Ce matin (jeudi), avant même que l'Insee ne livre ses statistiques, elle se jetait  au devant des micros et des stylos pour annoncer la légère augmentation du Produit intérieur brut (+0,3%). "C'est un chiffre évidemment très positif qui nous surprend et qui nous réjouit" déclarait-elle avant de se pamer : "le plan de relance commence à porter ses fruits". Dans la foulée, l'UMP prenait la roue de la ministre de l'économie et faisait de cette information un argument pour soutenir le lancement de l'emprunt souhaité par le chef de l'Etat.
Au delà de cette frénésie qui frise la méthode Coué, les économistes la joue mollo.  "La performance du deuxième trimestre repose essentiellement sur deux facteurs : une légère amélioration de la consommation des ménages et un net progrès du solde du commerce extérieur, par contre l'investissement des entreprises continue de diminuer, tandis que leur taux de marge s'améliore légèrement"  font remarquer ceux de la Cgt qui précise : "une reprise durable ne peut reposer uniquement sur le commerce extérieur. Il faut renforcer les ressorts internes, accroître l'investissement et améliorer le pouvoir d'achat".
Même son de cloche chez Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis : "La croissance du PIB va rester positive les deux ou trois prochains trimestres, sous l'effet du plan de relance, mais l'effet stimulus va s'affaiblir en 2010 et l'on risque de voir revenir la récession". Pour les uns comme pour les autres il faudra donc attendre avant de s'emballer, mais on remarquera que cette nouvelle a eu l'immense avantage pour le gouvernement de faire passer sous silence ou presque une autre information bien plus mauvaise celle-là : le creusement du déficit des finances publiques qui est passé de 32,8 milliards d'euros en 2008 à 86,6 milliards en 2009, sur la même période. Nous y reviendrons.

Comments

[Fred]

Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis : "La croissance du PIB va rester positive les deux ou trois prochains trimestres, sous l'effet du plan de relance, mais l'effet stimulus va s'affaiblir en 2010 et l'on risque de voir revenir la récession".

Ils n'ont pas froids aux yeux les "économistes" de Natixis... Quand on regarde même de loin les résultats de cette banque d'investissements depuis un peu plus d'un an on se dit qu'ils sont forcément étrangers à cette... récession!