Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Clearstream : l'affrontement Sarkozy-Villepin se durcit mais les fraudeurs restent dans l'ombre

Publié le par PcfBalaruc

Commentaire d'un dirigeant de l'UMP : "Cela finira perdant-perdant".

Olivier Metzner jubile. L'avocat de Dominique de Villepin n'en demandait pas tant. En déclarant mercredi soir lors de son interview télévisée, à propos du procès Clearstream que "deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant le tribunal", Nicolas Sarkozy, partie civile dans cette affaire, a donné des arguments supplémentaires aux défenseurs de l'ex-Premier ministre, eux qui n'ont de cesse de dénoncer un "procès politique". "L'ingérence du président de la République dans ce dossier judiciaire, alors qu'il est garant de l'indépendance des magistrats, vient d'éclater au grand jour", lance Olivier Metzner, qui a assigné, hier, le chef de l'Etat pour atteinte à la présomption d'innocence.
Ce nouveau rebondissement dans le duel auquel se livrent hors du prétoire Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy a, en tout cas, parasité les journées parlementaires de l'UMP au Touquet. L'usage par Nicolas Sarkozy du mot "coupable" a, sans surprise, suscité l'émoi des proches de Dominique de Villepin : "Quand on est avocat, on sait faire la différence entre prévenu et coupable", a épinglé Jacques Le Guen, tandis que François Goulard affirmait : "ça s'appelle une pression sur la justice ".
"Cela finira perdant-perdant".  Moins attendu fut le rappel aux fondamentaux de la présomption d'innocence formulé par le président du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet. "J'ai [le] souvenir de Michel Poniatowski, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur qui avait été menacé d'être renvoyé en Haute Cour de justice pour avoir présenté des prévenus pour des coupables", a-t-il asséné, avant d'ajouter : "sur ce sujet, moins on en dit, mieux on se porte". Si bon nombre de députés ne portent pas Dominique de Villepin dans leur coeur, ils avouaient sous couvert de l'anonymat leur gêne.
Les proches du chef de l'Etat ont rapidement lancé la contre-attaque. "Est-ce qu'un seul nom a été cité par le président de la République ? Alors, où est le problème ? Il n'y a pas de problème", a martelé le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand. "Dans sa passion, il a voulu dire que parmi les présumés innocents, il y a des coupables",a insisté Patrick Ollier, qui fut un temps partie civile à la procédure.
Au-delà de ces deux camps bien identifiés, la masse des parlementaires étaient surtout atterrée par les proportions prises par l'affrontement entre le chef de l'Etat et l'ancien Premier ministre. "On s'en passerait volontiers", a glissé Claude Goasguen. Jean-François Copé s'est muré dans le silence, tandis qu'un autre dirigeant de la majorité lâchait : "Cela finira perdant-perdant, cette histoire " Plus direct, le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, a semblé renvoyer dos à dos les protagonistes de l'affaire : "Les procès se jugent dans les prétoires."
"Ce n'est pas un lapsus". Roland Muzeau, le porte-parole des députés communistes, de son côté, a accusé Nicolas Sarkozy de "donner lecture des conclusions du tribunal" avant même que le procès ne soit terminé et relève que "c'est dit par un ancien avocat qui n'est pas un citoyen comme les autres", en estimant qu'il ne s'agissait pas d'un lapsus, un point de vue partagé par Jean-Pierre Grand, député UMP-Villepéniste de Castelnau-le-Lez. Toujours selon Roland Muzeau "la guerre que se livrent Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin prend une tournure préoccupante". "Sur le fond, il serait bon que l'on parle des vrais fraudeurs car dans l'affaire Clearstream, 98% des fraudeurs sont incontestés".
C'est ce que s'acharne, par exemple, à soutenir le journaliste d'investigation Denis Robert depuis le début de cette affaire où il  s'agit d'abord d'une  " société (Clearstream) qui dissimule des transactions (et qui) est le poumon de la finance parallèle". Voilà la véritable forêt dans laquelle il serait souhaitable que la justice mette son nez, alors que pour l'heure, on agite l'ombre de deux arbres qui défendent tous deux le même système.  "Si je n'avais pas fait mon enquête rien ne se serait passé (...) Le ministère public devrait me féliciter au lieu de m'accuser" a lâché le journaliste au premier jour du procès. 
Commenter cet article