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Coup de semonce pour Silvio Berlusconi à Milan et à Naples

Publié le par PcfBalaruc

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Giuliano Pisapia fête sa victoire avec ses partisans, le 30 mai, à Milan.
Plus qu’une défaite, une véritable déroute. Les résultats du second tour des élections municipales, qui s’est clos lundi 30 mai, constituent une lourde sanction pour Silvio Berlusconi, qui a voulu faire de ce scrutin "un test national". A 17 heures, les projections effectuées sur un dépouillement encore partiel confirmaient la défaite des candidats de son parti, Le Peuple de la liberté (PDL), et le triomphe de l’opposition. Par Philippe Ridet

A Milan, Giuliano Pisapia, candidat du Parti démocrate, était en tête avec 55 % des voix face à la maire sortante, Letizia Moratti. Et l'ancien magistrat Luigi de Magistris s’imposait face à Gianni Lettieri, avec plus de 65 % des suffrages. D’autres villes, comme Trieste, Cagliari, Novarre, Grossetto, Crotone, Pordenone devaient basculer à gauche. "Il y aura une réflexion sur le vote, mais le scrutin est sans conséquence", a déclaré à chaud Fabrizio Cicchito, président des députés du PDL à l’Assemblée. "Pour ce qui concerne la Ligue du Nord, nous sommes dans l’attente de savoir ce que décidera le grand perdant de ce scrutin, à savoir Silvio Berlusconi", a déclaré à la télévision, le directeur du quotidien La Padania, organe du parti autonomiste, principal allié de M. Berlusconi.

 

Cette défaite est évidemment avant tout celle du président du Conseil. En s’improvisant chef de campagne, en dictant les thèmes et le ton des interventions de ses candidats, M. Berlusconi s’est porté en première ligne, confiant dans sa capacité à retourner les situation les plus compromises. A Milan, sa ville natale et la vitrine de sa réussite professionnelle et politique, il a incité ses proches à se montrer agressifs vis-à-vis du candidat de la gauche, Giuliano Pisapia. Il n’a pas manqué non plus d’attaquer les juges du tribunal devant lesquels il est poursuivi pour corruption de témoin (affaire Mills) et fraude fiscale (affaire Mediatrade) en attendant le procès du "Rubygate" (abus de pouvoir et incitation de mineure à la prostitution). 
Jusqu’ici, les scandales privés et les affaires ne semblaient avoir aucune incidence sur les défis électoraux du Cavaliere. Malgré la révélation en 2009 d’un réseau de prostitution à son service, M. Berlusconi avait traversé sans encombre les élections régionales de 2010, permettant même à son allié historique, la Ligue du Nord, de rafler la gouvernance de deux régions, la Vénétie et le Piémont. Conscient de la "baraka électorale" du président du Conseil, la Ligue du Nord n’a jamais, malgré quelques accès de mauvaise humeur, songé à dénoncer l’accord qui la lie avec M. Berlusconi. Qu’en sera-t-il demain ? Membre du gouvernement avec quatre ministres, dirigeant une dizaine de provinces, deux régions et des centaines de communes avec le PDL, le parti nordiste, autonomiste et anti-immigré, a-t-il les moyens de faire cavalier seul, ce à quoi l’encouragent de plus en plus nombreux ses supporteurs ?

 
Pour la gauche et le Parti démocrate (PD), les victoires à Milan et à Naples sont bienvenues après une série de trois défaites (législatives de 2008, européennes de 2009 et régionales de 2010) marquées par un incessant ballet de leaders. Mais elles sont également paradoxales. Dans la capitale économique de l’Italie comme dans celle du Mezzogiorno, ce ne sont pas les "candidats officiels" de la gauche qui se sont imposés mais des outsiders d’autres partis, qu’elle a choisi bon gré mal gré de soutenir. 

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