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Crise de la dette : Face au mur, l’UE décide d’accélérer

Publié le par PcfBalaruc

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Confrontée à une crise des dettes publiques de plusieurs des Etats membres de l’euro qui prend chaque jour une dimension plus importante, le conseil européen réuni ces 23 et 24 juin à Bruxelles a pris la décision de poursuivre dans la voie des politiques hyper-restrictives adoptées ces derniers mois. Une attitude qui s’apparente à celle d’un automobiliste en perdition qui déciderait d’accélérer face au mur qui se présente devant lui au fond de l’impasse. Par Bruno Odent

Aucun enseignement n’a été retenu de l’échec pourtant patent d’un premier plan « d’aide » à la Grèce de 110 milliards d’euros. Assorti d’un super-plan d’austérité, ce « remède là » avait contribué à enfoncer le pays dans le bourbier. Dans la nuit de jeudi à vendredi les membres de la troïka (Commission européenne, FMI et Banque Centrale Européenne) ont fait adopter par Athènes une nouvelle « purge ». Elle est la condition du versement de la cinquième et dernière tranche de 12 milliards d’euros de ce plan conclu il y a 18 mois. Et de l’octroi d’une nouvelle « aide » d’une centaine de milliards d’euros qui doit permettre à la Grèce de passer le cap de l’année 2013, échéance prévue initialement pour son retour à sa capacité d’emprunter sur les marchés.
La « purge » que le gouvernement socialiste de George Papandreou doit maintenant soumettre au début de la semaine à son parlement prend des dimensions hallucinantes. Au menu de ce « redressement budgétaire » de 28,4 milliards d’euros sont prévues de fortes hausses d’impôts sur les plus pauvres et les classes moyennes. Athènes a du ainsi s’engager à abaisser à…8.000 euros de revenus annuels le seuil d’imposition (au lieu de 12.000 jusqu’à aujourd’hui). Les taxes seront augmentées sur le fuel de chauffage et une autre taxe exceptionnelle, dite de solidarité, sera prélevée sur tous les revenus supérieurs à 12.000 euros. De nouvelles réductions de salaires de fonctionnaires et de nouvelles coupes dans les effectifs de la fonction publique sont également au programme. A cela s’ajoute un programme massif de privatisations qui, espère-t-on, rapporterait 50 milliards d’euros.

Dans ces conditions l’espoir, à l’inverse de ce qu’affirmait  hier après-midi Nicolas Sarkozy dans sa conférence de presse finale, se situe dans la capacité du peuple grec à se mobiliser pour mettre en échec le plan proposé. Car comme le premier plan d’austérité a asphyxié davantage le pays, celui-ci va l’achever et précipiter donc avec lui la crise de l’euro. Pour alimenter la nouvelle enveloppe rendu nécessaire compte tenu de l’échec du traitement de cheval initial, le Président français s’est dit confiant dans la participation «volontaire » d’opérateurs privés (banques, assurances, sociétés d’investissements). Il s’agirait de les faire contribuer sur la centaine de milliards d’euros envisagés pour une part non négligeable mais « pas encore définie », comme a du le reconnaître la chancelière Angela Merkel. Le principe adopté serait celui d’un « roll over ». Les établissements titulaires d’emprunts grecs accorderaient ainsi un nouveau prêt à Athènes, au moment de l’arrivée à échéance de leurs titres, du même montant que la somme due.
La chancelière allemande confrontée à une partie croissante de l’opinion hostile à ce que son pays remette au pot du Fonds Européen de Stabilisation Financière s’était montrée particulièrement intransigeante sur cette « nécessité de faire participer le privé ». Non sans risque puisque le « roll over » - en fait un rééchelonnement de la dette - pourrait être interprété comme une déclaration de faillite qui ne dit pas son nom. Avec effet boule de neige garanti sur le système financier mondial et celui de la zone euro tout particulièrement.

Sur le sujet Nicolas Sarkozy  s’est voulu rassurant. « Nous sommes au courant, a-t-il indiqué, des réunions de travail qui se sont tenues dans l’ensemble de la zone euro et je puis vous dire que, de ce côté-là, nous n’avons pas de difficultés ou pas de craintes. » Le président français n’a toutefois rien voulu dire de plus précis sur les conditions et modalités de la participation de ces institutions privées au plan de « sauvetage » de la Grèce. Comme prévu de déjà longue date, l’italien Mario Draghi, banquier central et ex représentant de la banque états-unienne Goldman Sachs en Europe, a été intronisé comme futur patron de la BCE. Il succédera à Jean Claude Trichet à l’automne et un autre italien membre aujourd’hui du directoire de l’institution devrait être remplacé par un français, a précisé le président de la république.
Enfin fort logiquement dans le contexte de son offensive autoritaire et anti-sociale le Conseil Européen a décidé de renforcer encore « l’Europe forteresse ». La liberté de circulation accordée au sein de l’espace Schengen pourra ainsi être remise au moins partiellement en question. Un pays adhérent à Schengen pourra rétablir des contrôles à ses frontières lorsqu’il juge qu’un de ses voisins est « défaillant. » Nicolas Sarkozy s’en est bruyamment satisfait estimant sans rire que cela allait permettre non pas d’abolir mais de… « contrôler la liberté de circulation ».

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