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Derrière l'affichage du moratoire, les suppressions de postes continuent

Publié le par PcfBalaruc

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Le "gel" des fermetures de classes en primaire, annoncé par le chef de l'Etat mardi 21 juin, n'est pas un "gel" des coupes budgétaires. Le gouvernement continuera bel et bien dans le budget 2012 à ne pas remplacer la moitié des départs en retraite d'enseignants. Il supprimera encore une fois 16 000 postes, compte tenu des prévisions de départs en retraite. Et s'il ne ferme aucune classe, c'est parce qu'il récupérera plusieurs milliers de postes de maîtres du premier degré qui ne sont pas à temps plein devant une classe. Par  Mattea Battaglia

Depuis cette rentrée, le ministère laisse aux recteurs le soin de répartir des coupes devenues d'autant plus difficiles qu'on a officiellement supprimé 50 000 postes depuis 2007, 66 000 à la rentrée 2011. Et pourtant, selon l'expertise du Monde, il reste des "leviers" qui permettront d'opérer la moitié des 16 000 coupes dans le primaire sans que les parents et les élus ne déplorent de fermeture de classes. Réduire encore la scolarisation des moins de 3 ans C'est un des leviers majeurs. En dix ans, la scolarisation des moins de 3 ans est passée de 34 % à 13 % environ. Or en diminuant encore les effectifs de 2 % à 3 % par année, on retarderait l'entrée en maternelle de plus de 25 000 enfants à chaque rentrée (en se basant sur des générations de 850 000 enfants). A raison de 25 élèves par classe, on économise ainsi près de 1 000 postes par an. 
Supprimer des postes d'enseignants qui ne sont pas "devant élèves" Le prédécesseur de Luc Chatel, Xavier Darcos, avait évoqué dès 2008 la "sédentarisation" des 12 000 enseignants concernés. Avec le démantèlement d'une partie des Réseaux d'aides spécialisées aux enfants en difficulté (Rased), 3 000 d'entre eux sont retournés en classe. Restent entre 8 000 et 9 000 emplois, des rééducateurs, psychologues scolaires, enseignants spécialisés. Selon les experts, ils sont aujourd'hui en sursis. Diminuer le "vivier de remplaçants" Ces derniers représentent 8 % des emplois. Réduire leur nombre est une tentation d'autant plus forte que le taux de remplacements est jugé satisfaisant par la Rue de Grenelle dans le premier degré – il dépasserait 90 % en moyenne nationale. L'avantage est que la pratique est exportable au second degré.


En collège et lycée, où le nombre de professeurs  remplaçants a baissé de 25 000 à 19 000 en quatre ans, c'est la notion même de "titulaire remplaçant" qui est remise en cause. Faire appel à des enseignants non titulaires (vacataires ou contractuels) pour remplacer des professeurs diplômés de l'éducation nationale est devenu courant. Et les candidats ne manquent pas, en dépit de la précarité de l'emploi – comme l'a rappelé le succès de campagne de "recrutement express" mené par le rectorat de Paris avec Pôle emploi, fin mai. Augmenter les effectifs des classes Dans le second degré, plus encore qu'en primaire, les recteurs peuvent aussi "gonfler" les effectifs, au-delà de 30 élèves par classe en collège comme au lycée. Ou développer des dispositions plus ponctuelles, comme des regroupements de filières: on rassemble des enseignements en lycée professionnel pour deux CAP voisins ou deux bac pro à effectifs restreints (15 élèves), idem pour des cours d'histoire en lycée général dans des séries voisines – L et ES. "Mis bout à bout, ces ajustements permettent de réaliser une économie substantielle", reconnaît Guy Barbier, du SE-UNSA.
"C'est de la dentelle laissée à la décision des recteurs, mais les conséquences sont lourdes pour les enseignants." "Les leviers pour 2012 ne seront pas fondamentalement différents de ceux de l'année 2011", confie Alain Boissinot, recteur de l'académie de Versailles. "Lorsque les effectifs diminuent, comme c'est le cas dans la voie professionnelle à Versailles, alors les moyens baissent aussi", explique-t-il. Il n'exclut pas de "revoir la carte de l'éducation prioritaire pour ramener certains établissements à un taux d'encadrement standard ". Et espère "récupérer encore quelques postes grâce au passage du bac professionnel de quatre à trois ans" en 2009. Pour Bernard Toulemonde, inspecteur général honoraire de l'éducation nationale et ancien recteur, la mission devient d'autant plus difficile que les coupes les moins douloureuses ont déjà été faites en quatre ans. "On a ciblé les postes de remplaçants, les postes dégagés pour la formation des enseignants, les conseillers pédagogiques, les animateurs en langues ou en informatique, les enseignants chargés des élèves en difficulté…", précise-t-il. "On est arrivé à l'os ; désormais, il s'agit de s'attaquer à l'os." Le débat agite les recteurs. Il traverse également l'enseignement privé, qui perd 1500 postes en 2011.

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