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Dominique Bucchini (PCF) élu président de l'assemblée corse

Publié le par PcfBalaruc

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Dominique Bucchini, l'ex-maire communiste de Sartène a été élu au troisième tour de scrutin.


Le candidat de la gauche, le communiste Dominique Bucchini, 67 ans, a été élu, ce jeudi, à Ajaccio président de l’Assemblée de Corse à la majorité relative au troisième tour de scrutin. 

 

Elu pour un mandat de quatre ans avec 24 voix (sur 51),  Le maire de Sartène Dominique Bucchini a battu, au troisième tour, le candidat nationaliste Gilles Simeoni (15 voix) et le représentant de la droite, Camille de Rocca Serra, président sortant (12 voix). La majorité absolue des 26 voix n’avait pu être atteinte aux deux premiers tours. «La Corse a besoin de démocratie et de transparence, a affirmé le nouveau président de l’Assemblée de Corse, dans une allocution suivant son élection. Nous allons nous mettre au travail tous ensemble et chacun avec ses options propres pour engager la Corse sur la voie d’une démocratie moderne et apaisée.»

Plus ancien élu de l’Assemblée, élu depuis 1986 - année de l’entrée en vigueur du statut particulier de la Corse -, il a proposé d’engager «sans tarder une large concertation dans tous les domaines où une modernisation et une ouverture s’imposent», de «développer une action dynamique de coopération interrégionale», et d’«affirmer notre implication dans les affaires européennes». L’Assemblée devait ensuite élire, ce jeudi, la commission permanente composée à la proportionnelle d’élus de chaque groupe. La séance doit s’achever avec l’élection du président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Corse. La gauche devrait présenter le député (PRG) Paul Giaccobi, qui conduisait la liste d'union de la gauche au second tour des élections territoriales. 

Le corsaire, le Cyrano, le Don Quichotte de Sartène. Dans les années 1995-2000, la presse nationale l'avait affublé de ces surnoms quelque peu surréalistes. C'était l'époque où Dominique Bucchini était maire et conseiller général de Sartène. L'époque où il s'élevait avec véhémence contre la violence et autres dérives. Après sa défaite aux municipales, Dominique Bucchini s'est fait discret, tout en continuant à tracer son sillon sur la route communiste. Aujourd'hui, il retrouve le devant de la scène. Avec force.

En engrangeant sur son nom plus de 10,02 % des suffrages au premier tour de l'élection régionale, il conduit la deuxième force politique de gauche en Corse. À présent, élu aux côtés de Paul Giacobbi, il vient de  décrocher le perchoir de l'assemblée de Corse. Une belle revanche après la perte de la citadelle rouge.

Ceux qui ne le détestent pas l'adorent. Né en 1943 à Sartène au moment où la Corse se libérait, Dominique Bucchini boit très tôt du petit-lait communiste. Enseignant de profession, il adhère au PCF en 1972. Après avoir fait ses humanités militantes à Montreuil, il regagne la Corse. Et il enchaîne les mandats : conseiller municipal de Sartène, maire et conseiller général de 1977 à 2001, député européen de 1981 à 1984, conseiller à l'assemblée de Corse depuis 1982, vice-président de la collectivité aux côtés de Prosper Alfonsi... Il s'impose sur la scène politique. Le verbe haut et tranchant, amateur de petites phrases et d'anecdoctes (qu'il sert aussi bien en français qu'en corse), il régale ses amis d'une chronique imagée. Parle foot régulièrement et décerne les cartons rouges  à tour de bras. Il en fait beaucoup, mais ceux qui ne le détestent pas l'adorent. Son credo : les dérives insulaires mafieuses et terroristes. Bref, petit à petit, Dominique Bucchini irrite (surtout au niveau local) et cristallise sur sa personne les rancoeurs. Sartène devient une des villes les plus plastiquées de Corse. En 1997, il enfonce le clou avec un ouvrage, « De la Corse en général à quelques vérités en particulier», dans lequel il stigmatise et démonte le mécanisme de l'état de non-droit dans lequel s'est enfoncée l'île.

Toujours présent, toujours opposant. La défaite des municipales le prend totalement au dépourvu. Peu d'élus y auraient survécu, mais pour lui, « le combat continue ». Doumè, comme l'appellent ses amis, entame sa traversée du désert qui durera neuf ans. Grâce à sa réélection en 2004 à l'assemblée de Corse, il se reconstruit. Il arpente les villes et les villages pour dénoncer le libéralisme à tous crins, il parle de social, de précarité, des thèmes qui intéressent. Au plan régional, il poursuit son bonhomme de chemin. Toujours présent, toujours opposant, il vote contre presque tous les projets de la majorité... En chantant.

Adossé au Front de gauche, le communiste version «coppa» s'engage dans la campagne pour les territoriales avec diplomatie. Il ne s'éternise pas dans les réunions de la famille de gauche à Corte, il prend le risque de faire cavalier seul en prêchant la bonne parole (sociale) au cours de quelque 110 réunions. Pêle-mêle, il dénonce : l'absence de moralité politique, la politique antisociale du gouvernement Sarkozy-Fillon et à ses projets de réformes institutionnelles antidémocratiques, le bilan négatif de l'équipe UMP sortante, « les magouilles, les Jacouille et les fripouilles »... «Nous sommes la seule liste propre » disait-il. Bingo ! Sa stratégie a fonctionné.

Elu au perchoir de l'assemblée, il devra diriger les débats territoriaux durant les quatre prochaines années. Un costume qui réclame doigté, finesse et sens du consensus. A mille lieues du simple rôle d'opposant. « Je resterai fidèle à mes engagements » promet-il. Une nouvelle étape pour le plus «ancien» élu de l'assemblée de Corse.

 

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