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Gros coup de fatigue sur la reprise aux Etats-Unis

Publié le par PcfBalaruc

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Un chômeur dans une agence pour l'emploi aux Etats-Unis.

 

Les mesures adoptées par la réserve fédérale pour soutenir l'activité et combattre le risque de déflation jettent une lumière crue sur la fragilité de la reprise mondiale. Par Bruno Odent

 

La reprise est fragile et les risques d'une rechute sévère dans la récession se précisent. Les nouvelles mesures d'urgence que vient d'adopter la Réserve fédérale (FED), la banque centrale des Etats-Unis, ont agi comme une douche froide sur tous ceux qui s'appuyaient sur l'envolée des groupes du CAC40 ou le regain des exportations pour décréter la fin imminente de la crise. La FED a annoncé qu'elle allait à nouveau racheter des bons du Trésor pour tenter de contrecarrer une tendance devenue manifeste au ralentissement de l'économie. Dans son communiqué elle pointe : "Le rythme de la reprise en termes de production et d'emplois s'est ralenti durant les derniers mois."

La FED est préoccupé par le retour des destructions d'emplois massives. le chômage continue ainsi de flirter avec les 10%, un niveau record pour les Etats-Unis où les chiffres officiels minimisent largement la réalité. La croissance est plombée par la réduction de la consommation qui était jusqu'alors son principal moteur. Car les personnes privées d'emploi ou en situation précaire réduisent leurs achats quand les autres, inquiètes pour leur avenir hésitent à puiser dans leur épargne.

Le spectre de la déflation (baisse des prix et des salaires) émerge ainsi avec de plus en plus de force. Plusieurs spécialistes relèvent même que le phénomène serait déjà en cours. Les prix stagnent au mieux et les employeurs cherchent à renégocier de plus en plus systématiquement à la baisse les contrats salariaux de leurs employés, soulignent en substance plusieurs spécialistes. L'antenne de la FED à San Francisco a même publié une étude relevant la possibilité d'une retombée dans la récession de l'économie américaine avant deux ans.

Il est clair que ce gros coup de fatigue de la première économie de la planète ne restera pas sans conséquence pour le reste du monde et singulièrement pour l'Europe. D'autant que la zone euro affiche déjà des taux de croissance largement inférieurs à ceux des Etats-Unis. Et les mesures d'austérité annoncées en Europe au printemps dernier, comme l'engagement dans le même sens du G20 de Toronto en juin, ne vont rien arranger. la déflation menace aussi l'UE. Comme le prouvent les statistiques communiquées hier, révélant une chute de la production industrielle euopéenne (1).

En fait l'Europe est dans une position encore plus fragile que les Etats-Unis. La banque centrale européenne (BCE) s'interdit en effet de financer les Etats en achetant directement leurs titres d'emprunt. A la différence de la FED qui ne se prive pas de rompre avec l'orthodoxie monétariste quand elle estime qu'il faut faire face à l'urgence. Un financement direct par la BCE serait pourtant recommandé pour échapper au chantage des marchés financiers. Ceux-là imposent, on le sait, aux Etats de l'UE des plans de rigueur drastiques en les menaçant sinon, par agence interposée, d'une "mauvaise notation" qui ferait grimper leurs taux d'intérêt. Pour échapper à la rechute dans la récession, des mesures  radicales de ce type, assorties d'une sélectivité du crédit en faveur de l'emploi, sont, on le voit, plus que jamais à l'ordre du jour.

 

 Note :

(1) Hier, les analystes sont tombés de haut à l'annonce des chiffres de la production industrielle du mois de juin. De mai à juin, ils accusent un recul de 0,1% dans la zone euro, alors que les économistes tablaient sur une hausse de 0,6%. L'Allemagne et la France, soit les deux principales économies de la zone, ont connu une chute de 0,5% pour le premier et 1,6% pour le second. Un indicateur qui vient s'ajouter à ceux publiés ces dernières semaines, qui démontrent que la reprise économique a marqué le pas à la fin du deuxième trimestre. Par ailleurs le plan de rigueur imposé à la Grèce commence à livrer les effets contre-productifs auxquels il fallait bien s'attendre. Le PIB grec s'est contracté de 1,5% au deuxième trimestre par rapport aux trois premiers mois de l'année. Le taux de chômage a marqué la plus forte hausse jamais enregistrée sur un an.  

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