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Le 21, le 23 et ainsi de suite ... pour ne pas payer la crise

Publié le par PcfBalaruc

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Les enseignants de Vitry-sur-Seine n'ont pas lâché le morceau avec les élections.


Le contexte électoral n’a pas fait taire les conflits sociaux. À quelques jours de la mobilisation interprofessionnelle du 23 mars, le climat social est électrique sur les salaires dans beaucoup d’entreprises privées. Par Paule Masson


C’était déjà devenu vrai pour les précédents scrutins. Mais la tendance semble s’installer : il n’y a plus de parenthèse électorale pour les luttes. À quelques jours de la mobilisation interprofessionnelle du 23 mars, le climat social est bouillonnant. Enseignants, magistrats, personnels des hôpitaux, médecins, professionnels de la petite enfance et beaucoup de salariés d’entreprises du secteur privé manifestent ou se mettent en grève, témoignant d’un climat revendicatif qui n’est pas pour rien dans la sanction que vient de subir l’UMP lors du premier tour des élections régionales, dimanche. Dans un communiqué, la CGT voit dans les résultats électoraux «l’expression d’un fort mécontentement des salariés vis-à-vis de la politique économique et sociale défendue par le président de la République». À l’initiative de l’intersyndicale CGT, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, les salariés sont appelés à s’exprimer de nouveau, cette fois dans la rue et par la grève, mardi prochain, à l’occasion de la journée interprofessionnelle sur l’emploi, les salaires et les retraites. Dans l’ombre du débat électoral, la préparation de ce 23 mars s’organise.
le pouvoir d’achat devrait encore reculer. Depuis les grandes mobilisations de 2008 et 2009, qui avaient rassemblé jusqu’à 3 millions de personnes, il se passe exactement ce que les salariés redoutaient : malgré les grands discours sur la moralisation du capitalisme, le gouvernement et le patronat leur font payer la crise. Et, sauf si la sanction est telle, dimanche, pour le second tour, que Nicolas Sarkozy ne puisse plus rester sourd, le pire est à venir. Au nom de la réduction des déficits publics, la fonction publique va être dépecée (et les services qui vont avec). Au nom de l’égalité de traitement entre secteur public et privé, les critères de départ en retraite vont être durcis. Déjà, la revalorisation des pensions qui se profile pour le 1er avril ne serait que de 0,9 %. Quant au pouvoir d’achat, déjà largement entamé par les suppressions d’emplois et le chômage partiel, il promet de reculer encore. L’inflation repart à la hausse (+0,6 % en février, et +1,3 % sur un an) mais la plupart des entreprises cherchent à imposer des augmentations salariales qui plafonnent à 1 %.
Pas de crise pour les actionnaires. «Chez Thales, malgré des résultats négatifs, 100 millions d’euros sont provisionnés pour être distribués aux actionnaires en juin prochain. Et ce, alors que la proposition d’augmentation pour les salariés est de 1 %», témoigne Laurent Trombini, coordinateur CGT du groupe. Le 18 février dernier, qui devait être la dernière séance de négociation avec la direction, des milliers de salariés ont débrayé et 10.000 signatures étaient rassemblées en deux jours sur la pétition syndicale. «Il faut remonter longtemps en arrière pour voir une telle mobilisation», souligne le syndicaliste, . La journée d’action suivante, le 11 mars, a rassemblé encore plus de monde. L’intersyndicale appelle de nouveau à faire grève aujourd’hui. «Après des années de sacrifices, les salariés veulent que leur travail soit reconnu et demandent un juste retour sur investissement», assure Laurent Trombini. Les salariés du groupe Safran manifestent aussi aujourd’hui, à l’appel de l’intersyndicale. «Prospérité pour les actionnaires, austérité pour les salaires», dénonce le communiqué de la CFDT. «Chez Vinci, les salariés payent la crise, pas les actionnaires», entonne aussi la CGT du groupe de BTP, appelant à s’exprimer le 23 mars, puis lors de l’assemblée générale des actionnaires, le 6 mai. Certains rapports de forces parviennent à imposer des reculs. Chez Danone produits frais, la direction a concédé 2 % d’augmentation au bout de deux jours. Celle de Système U a dû aussi céder du terrain après cinq jours de blocage d’entrepôts. Les salariés de Renault sont parvenus à arracher une prime de 500 euros.
Le medef toujours aussi peu partageur. Dans un contexte où, malgré la crise, les actionnaires, les grands patrons ou les traders continuent d’être grassement rémunérés (1,8 milliard d’euros de bonus pour 8 000 traders en 2009), l’atonie des salaires est vécue comme une injustice. Il y a un an, le président de la République promettait d’ouvrir le débat sur le partage des richesses dans les entreprises, proposant même un partage en trois tiers (salariés, capital, investissements) et menaçant d’une loi si les «partenaires sociaux» ne se mettaient pas d’accord. Promesse non tenue. Le Medef a freiné des quatre fers. Nicolas Sarkozy a relancé le débat en janvier et a de nouveau promis une loi dans trois mois. Le Medef veut bien «informer», mais il se montre toujours aussi peu partageur. Pour sa présidente, Laurence Parisot, «les marges de manœuvre» des entreprises sont trop faibles pour augmenter les salaires. Ne reste plus, pour les salariés, qu’à donner de la voix.

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