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Le conflit afghan fait tomber le gouvernement néerlandais

Publié le par PcfBalaruc

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Le Premier ministre Jan Peter Balkenende après avoir annoncé la chute du gouvernement néerlandais

le 20 février 2010. (AFP Valerie Kuypers)


Le premier ministre a remis samedi la démission du gouvernement à la reine Beatrix, à cause de divergences sur le maintien des troupes en Afghanistan. Par Jean-Pierre Stroobants


A l'issue de quatorze heures de tractations, le gouvernement de Jan Peter Balkenende n'est pas parvenu, samedi 20 février, à s'entendre sur le maintien du contingent néerlandais en Afghanistan. Le premier ministre a annoncé, au milieu de la nuit, la démission de sa coalition, qui regroupait son parti, l'Appel chrétien-démocrate (CDA), le Parti du travail (PVDA, social-démocrate) et la petite formation protestante ChristenUnie (CU). Le premier ministre a officiellement remis, samedi après-midi, la démission du gouvernement à la reine. Des élections législatives anticipées auront lieu dans les trois mois.
Le CDA et le PVDA, du vice-premier ministre Wouter Bos, s'affrontaient depuis plusieurs jours sur la question d'une éventuelle prolongation de la mission militaire néerlandaise dans la province d'Oruzgan, dans le sud de l'Afghanistan. Les Pays-Bas y comptent quelque 2000 soldats. A l'issue d'une longue et rude confrontation au sein du conseil des ministres, M. Balkenende a lu une déclaration devant la presse à 4 heures du matin. Selon lui, c'est "un manque de confiance" entre les partenaires et une "hypothèque politique" placée par la gauche, désireuse d'arrêter immédiatement la mission, qui a rendu impossible toute solution.
Jeudi, au Parlement, le gouvernement s'était déjà déchiré. Convoqués pour un débat d'urgence, les ministres de la coalition avaient affiché publiquement leurs désaccords. Elles-mêmes divisées sur la poursuite de l'opération afghane, les diverses formations de l'opposition s'étaient coalisées pour dénoncer le manque de cohésion de l'équipe Balkenende et réclamer son départ.
La décision découle d'une décision adoptée par le gouvernement en 2007 Vendredi, le conseil des ministres devait, en fait, décider s'il prenait en compte, ou non, une requête d'Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l'OTAN. Dans une lettre au gouvernement envoyée le 4 février et négociée, semble-t-il, avec le ministre des affaires étrangères, Maxime Verhagen –chrétien-démocrate, accusé par les travaillistes d'avoir outrepassé son mandat–, M. Rasmussen évoquait le maintien de soldats néerlandais, en nombre réduit mais jusqu'en août 2011, en Oruzgan. Les militaires devaient, en principe, amorcer leur retrait le 1er août 2010 et l'avoir achevé le 1er décembre.

M. Rasmussen évoquait aussi des missions d'entraînement de la police et de l'armée afghanes et le maintien d'une équipe provinciale de reconstruction. Pour les travaillistes, il n'était pas question de négocier sur la base de cette demande. Pour le CDA, il fallait envisager divers scénarios, y compris la prolongation de la mission. Le troisième parti du gouvernement, ChristenUnie, avait voté, avec les travaillistes, le principe d'un arrêt de la mission mais détenait en même temps le portefeuille de la défense.
Particulièrement complexe, la situation découlait en fait d'une décision adoptée par le gouvernement en 2007. Fermement défendue par M. Balkenende, elle fixait bel et bien le début du retrait à 2010 et devait être confirmée avant le 1ermars de cette année. Soumis à la pression de l'OTAN et des Etats-Unis, invoquant le changement de stratégie sur le terrain afghan, les chrétiens-démocrates semblaient prêts à réviser leur point de vue. Le ministre des affaires étrangères, Maxime Verhagen, soulignait la nécessité, pour son pays, de respecter ses engagements internationaux.
Les travaillistes, échaudés par de récentes révélations sur les conditions juridiquement douteuses de l'engagement néerlandais dans la guerre d'Irak, en 2003, ne voulaient pas, eux, revoir leur position. Pour de nombreux observateurs, la fermeté des sociaux-démocrates sur ce qu'ils présentent comme une "question de principe" a aussi beaucoup à voir avec les prochaines échéances électorales. Les Néerlandais se rendent aux urnes le 3 mars pour un scrutin municipal et les perspectives semblaient très sombres pour le parti de M. Bos, qui risque, selon les sondages, de perdre la moitié de ses sièges à Amsterdam et d'être en net recul à La Haye et à Rotterdam.
Un néerlandais sur deux réclame la fin de la mission afghane. "Impossible de tomber plus bas", semble avoir conclu la direction de ce parti. Pari réussi ? En affichant son intransigeance sur l'Afghanistan, le vice-premier ministre semble, en tout cas, avoir non seulement rassemblé les électeurs traditionnels de son parti (66 % d'entre eux se disent favorables à un retrait immédiat des troupes néerlandaises) mais il se serait rendu populaire auprès de l'ensemble de l'opinion : un Néerlandais sur deux réclamait la fin de la mission afghane. Et les sondés qui imputent la crise à M. Balkenende sont plus nombreux que ceux qui montrent du doigt M. Bos. Le scrutin législatif sera organisé dans trois mois environ. Il pourrait compliquer un peu plus la situation politique néerlandaise : la droite radicale et populiste du député Geert Wilders (15 % à 20 % des intentions de vote) devrait y jouer les trouble-fête et, peut-être, s'imposer comme l'un des principaux partis du royaume

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