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Risque d'une crise alimentaire plus grave qu'en 2008

Publié le par PcfBalaruc

carte des émeutes de la faim

Les mauvaises récoltes attendues de maïs, blé et soja dues à la sécheresse aux Etats-Unis font craindre l'envolée des prix aidée par la spéculation financière, ainsi que des crises alimentaires et des émeutes de la faim.

"Alors qu'il y a quelques semaines nous étions optimistes, la situation s'est retournée d'un seul coup et nous sommes maintenant inquiets", reconnaît Abdolreza Abbassian, économiste pour l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Principale raison: la sécheresse qui s'est abattue depuis début juin sur les grandes plaines des Etats-Unis, acteur agricole majeur qui représente plus de la moitié des exportations de maïs dans le monde, un quart de celles de blé et un tiers de celles de soja. "Les stocks mondiaux de céréales disponibles sur le marché sont à leur plus bas niveau historique. Le garde-manger n'est plus aussi rempli", a reconnu Marc Sadler, un expert de la Banque mondiale. Les cours ont commencé à flamber: en un mois les prix du maïs, du blé et du soja se sont envolés de 30 ou 50% et ont atteint des niveaux proches ou même déjà au-delà de ceux de 2008, année où les pays importateurs les plus pauvres avaient été secoués par des émeutes de la faim. "S'il est trop tôt pour s'inquiéter outre mesure, la Banque mondiale surveille la situation de près pour évaluer les impacts potentiels pour nos clients", a précisé M. Sadler.

Le riz résiste. Seul point positif, le riz, dont trois milliards d'humains dépendent, devrait enregistrer une production record cette année et les prix ne suivent pas ceux du blé et du maïs. "Nous allons avoir une saison difficile mais si cela ne se dégrade pas davantage nous devrions éviter la situation de 2008", estime M. Abbassian. Mais si la sécheresse dure jusqu'à l'automne aux Etats-Unis, la situation alimentaire pourrait vite dégénérer. En mars, la FAO estimait déjà que la facture en céréales des pays pauvres importateurs atteindrait un niveau record en 2012. Avec des cours qui explosent et un taux de change défavorable, l'addition risque de devenir réellement insupportable pour ces pays.

Catastrophe pour l'Afrique. Une catastrophe pour les pays d'Afrique de l'Ouest, qui est "déjà dans une situation désastreuse", selon Malek Triki, porte-parole du programme alimentaire mondial dans cette zone. En juillet, les prix des céréales ont atteint leur plus haut niveau de l'année, mettant à mal les ménages dont les réserves ont été épuisées depuis longtemps. "Alors que 19 millions de personnes souffrent déjà de la faim dans le Sahel, cette flambée est très alarmante", confirme Clara Jamart d'Oxfam France. Pour l'ONG, malgré la prise de conscience en 2008 après les émeutes de la faim et les tentatives du G20 rien n'a été réglé. "La situation alimentaire est tellement tendue qu'il suffit de n'importe quel aléa dans un grand pays producteur pour que tout bascule et que tout s'emballe. Nous n'avons pas réglé le problème et pour ne rien arranger la spéculation est toujours là".

 

19 millions de personnes menacées par la famine au Sahel

Depuis plusieurs mois, la situation s’aggrave dans la bande de terre subsaharienne. Aujourd’hui, 19 millions de personnes dont trois millions d’enfants malnutris seraient concernés.  Les organisations humanitaires présentes sur le terrain peinent à mobiliser la communauté internationale ainsi que l’opinion publique, la crise s’étendant pourtant sur la durée. Les associations Action contre la faim, SOS Sahel ainsi que de nombreuses autres ONG sont mobilisées sur place, mais malgré la multiplication des appels aux dons, les fonds sont à ce jour insuffisants. Deux ans de sécheresse sont à l’origine de la crise : les exploitants ont peu à peu perdu leur cheptel, vendant leurs bêtes pour se fournir en nourriture. Les familles ont ainsi perdu au fur et à mesure leurs moyens de production, les champs se sont asséchés, le bétail affaibli, et les prix ont dramatiquement augmenté. Dans le nord du Mali, de vastes régions sont à présent coupées de l’assistance humanitaire internationale et les fonds manquent pour parer à la crise dans la bande subsaharienne. Pourtant, la situation est plus que préoccupante comme l’explique Benoit Miribel, président d’Action contre la faim : "Dans les régions du Sahel en situation d’urgence alimentaire, les familles en manque de nourriture ont perdu progressivement tous leurs biens et ne pourront pas attendre des semaines que le monde porte sur elles son regard et son soutien." Pour l’instant, aucune action concrète n’est envisagée, l’Union Européenne ne considère toujours pas la situation comme étant une catastrophe naturelle et aucun fond spécial ni de ligne budgétaire n’ont été débloqués.

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