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Pour un programme de redressement national

Publié le par Daniel Sario

Le discours de Pierre Laurent à La Rochelle et sa forte initiative politique à la fête de l'Humanité ouvrent une nouvelle phase, plus propice à la construction d'un large rassemblement pour une alternative de progrès à gauche. Il y a des possibilités nouvelles pour avancer en ce sens, malgré les difficultés considérables. Par Yves Dimicoli

Au plan politique, c'est, dans le PS, l'enkystement des désaccords sur la politique économique ; c'est aussi l'ancrage des verts dans l'opposition à Vals II. Au plan social, c'est, face au MEDEF, la montée de l'exaspération syndicale, malgré les efforts d'intégration au pacte de responsabilité qui baisse le coût du travail. Au plan économique, c'est l'échec du pari de Hollande que l'Allemagne jouerait le rôle de locomotive européenne alors que sa croissance a été négative au deuxième trimestre, tandis que la France stagne et que l’Europe est au bord de la déflation.

La situation est devenue si grave en zone euro que la Banque centrale européenne (BCE) a été contrainte de baisser son taux d'intérêt directeur à presque 0 % et d'injecter encore plus de monnaie. Ainsi, les banques se refinancent à un coût réel (défalcation faite du taux d'inflation) négatif, inférieur à celui des États-Unis. Du coup, l'euro s'affaiblit et les dirigeants s'en réjouissent, malgré l'impératif fondateur d'un «euro fort». Cela sonne comme un désaveu des politiques conduites en son nom. Mais c'est aussi la confirmation éclatante que la BCE peut bouger sous le poids des nécessités et des luttes.

Deux défis à relever. Certes, la façon dont elle le fait va conduire à de nouvelles difficultés.En effet, elle a baissé son taux directeur et injecte plus de monnaie, mais sans sélectivité. Cela va favoriser les profits bancaires, la finance, la spéculation, sans déverrouiller le crédit pour des investissements réels créateurs d'emplois. Pire, la BCE va pousser la titrisation des créances qui a pourtant conduit à la «crise des subprimes» aux États-Unis. D'où deux grands défis.

1- Contre la déflation, il faut des politiques expansives stimulant la demande et redressant l' efficacité de l' offre. Cela exige d'augmenter les revenus salariaux et d'engager un vaste effort de formation pour accroître les qualifications. Et, au lieu du pacte de stabilité, il faut relancer tous les services publics, pour répondre aux besoins, redresser la production et absorber sa progression.

2- Il faut réorienter la BCE et le crédit bancaire. Nous avons raison de dire qu'il faut « une nouvelle loi bancaire». Mais comment y arriver sans chercher à rassembler pour transformer la BCE et les relations banques/entreprises ?

Trois grandes propositions pour un programme de redressement national. Les communistes font des propositions économiques précises pour alimenter, à la base et au sommet, le débat sur le contenu d'un programme de redressement national. Je veux insister sur trois grandes propositions à populariser :

1- Le financement direct par la BCE d'une expansion de tous les services publics, via un Fonds social, solidaire et écologique de développement européen ;

2- Il faut que la création monétaire de la BCE soit relayée par les banques, notamment la BPI. Répétons san relâche que cela exige de nouvelles règles du crédit pour les investissements : plus ceux-ci programmeraient d'emplois et de formations correctement rémunérés et plus le taux du crédit, pour les financer, serait abaissé jusqu'à zéro, voire moins. Sans ce conditionnement pro-emploi dés leur financement, les investissements, aujourd'hui très économes en travail avec les nouvelles technologies, accroissent le chômage et l'insuffisance de la demande. Ce nouveau crédit est nécessaire, avec une réforme fiscale, pour faire reculer le coût du capital et engager une relance sociale.

3- Il faut de nouveaux droits et pouvoirs des salariés dans les entreprises pour sécuriser l'emploi, la formation, le revenu, promouvoir une démocratie économique et sociale pour une République vraiment nouvelle.

Les « 1000 débats » proposés par Pierre Laurent doivent déboucher sur 1000 initiatives d'action -en direction des banques notamment-, afin que le dialogue soit efficace et n'accouche pas d'un replâtrage des illusions à gauche.

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