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Sauvons les abeilles ! C'est aussi un problème européen

Publié le par Yves Le Conte (Directeur de recherche à l'Inra)

Manifestation d'apiculteurs contre les OGM

Un mal mystérieux, le syndrome d'effondrement des colonies, tue les abeilles, des insectes qui sont essentiels à la pollinisation des cultures de fruits et de légumes. Les Etats-Unis sont les plus touchés mais en Europe, notamment en France, la menace devient inquiétante.

Si en 2007 et 2008, les Etats-Unis ont perdu 36% de leurs colonies d'abeilles, les apiculteurs européens ont aussi eu à faire face à des pertes importantes de colonies d'abeilles. Effondrements des colonies, intoxications par les pesticides et durée de vie des reines anormalement courte sont d'actualité et placent les apiculteurs dans des situations souvent préoccupantes.

A partir de ce constat, un groupe de chercheurs, animé par Peter Neumann, du Centre de recherche sur l'abeille à l'agroscope Liebefeld-Posieux en Suisse, a obtenu une enveloppe fiancière européenne pour créer un réseau européen et international d'échanges et de collaborations sur le thème des pertes de colonies d'abeilles domestiques. ce réreau, nommé COLOSS, comprend plus de 125 chercheurs, répartis en quatre groupe et travaillant sur les mortalités des colonies d'abeilles. COLOSS permet l'échange d'informations entre les chercheurs.

Le premier groupe de travail s'intéresse aux méthodes d'estimation des pertes de colonies et de leurs causes, et aux méthodes de diagnostic. Il tente de mettre en place des techniques standardisées pour l'estimation des pertes de colonies afin d'avoir une vision claire de l'état du "cheptel" en Europe. Puis il cherche à estimer les causes des pertes d'abeilles à l'aide de questionnaires et d'enquêtes de terrain, des outils que l'apiculteur ou le scientifique pourront utiliser. Enfin ce groupe oeuvre à l'optimisation des techniques de diagnostic.

Une combinaison de multiples facteurs. Le deuxième groupe concerne les parasites et les pathogènes de l'abeille. Il étudie leur virulence et leur transmission et les synergies des infections multiples. Le troisième groupe s'interesse à l'effet de l'environnement  (nutrition et intoxication) et des techniques apicoles sur les mortalités d'abeilles. Le quatrième groupe caractérise la vitalité et la diversité des colonies d'abeilles pour mieux les sélectionner.

Dans l'ensemble, les experts européens considèrent aussi que le syndrome d'effondrement des colonies est dû à une combinaison de multiples facteurs. Le manque de protéines ou les pesticides affaibliraient le système immunitaire des abeilles qui seraient alors plus sensibles à un agent pathogène (un virus ou un parasite par exemple). Ils cherchent cependant à préciser les causes de ces mortalités.

Lors du dernier colloque qui s'est tenu à Zagreb en mars 2009, les scientifiques ont réactualisé les pertes d'abeilles. Bien que ces estimations ne soient pas toujours parfaitement représentatives de la situation dans certains pays, elles montrent que le phénomène est inquiétant. Les mortalités sont souvent supérieures à la limite maximale annuelle admise de 10%. En France, une étude rigoureuse réalisée par le Centre national de développement apicole (CNDA), sur un échantillon de 168 exploitations professionnelles (1 358 ruchers et 62 408 ruches), a permis d'estimer les pertes de colonies d'abeilles à 29,3% entre 2007 et 2008.

 

 

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