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Le gouvernement doit geler la réforme de La Poste et organiser un référendum

Publié le par Daniel Sario

 
A l'image de Balaruc-les-Bains, plus de 10.000 bureaux de votation ont fleuri dans toute la France

En tout, 2.123.717 personnes (67.222 dans l'Hérault) ont participé à la consultation organisée dans toute la France par une soixantaine d'organisations opposées au changement de statut de La Poste. Plus de 90% de votants se sont déclarés "opposés" à toute privatisation, a indiqué lundi 5 octobre le comité organisateur. La droite marque le coup, insulte et vitupère mais rejette l'idée de permettre l'organisation d'un référendum avant le vote de réforme  du statut de la poste comme l'a fait savoir Bernard Accoyer, lundi à midi sur Canal +
"2.123.717 personnes ont voté, selon les résultats comptabilisés et validés lundi en milieu de matinée par les comités locaux et départementaux", a déclaré Jean Souleil, un des porte-parole du comité organisateur à la presse. Si la "votation citoyenne" n'a aucun poids juridique, le collectif a tout de même l'intention d'interpeller le gouvernement pour qu'il "prenne acte de cette mobilisation" et permette l'organisation d'un "référendum d'initiative populaire" a dit Olivier Dartigolles, porte-parole de Marie-George Buffet, première secrétaire du PCF.
Le comité national qui a travaillé à dessiner la carte des zones les plus votantes constate «une forte concentration dans les quartiers populaires et les zones rurales où le problème est le plus cuisant», selon Nicolas Galepides, élu syndical Sud-PTT et membre du conseil d'administration de La Poste depuis 2000. «Après cet exercice de démocratie participative et cet engouement des gens, on va évidemment demander le gel du projet (de transformation de La Poste en société anonyme, ndlr) et l'ouverture d'un grand débat public sous une forme qui reste à déterminer mais qui devra rassembler toutes les parties prenantes», a-t-il ajouté.
Le Parti socialiste avait salué dès samedi soir une «mobilisation historique», et annoncé qu'il déposerait une proposition de loi en vue de l'organisation d'un «référendum d'initiative populaire» sur le changement de statut. «Le gouvernement n'a plus le choix: ou bien il traite par le mépris la mobilisation des citoyens et des territoires ou bien, comme nous le demandons, il gèle le changement de statut de La Poste et organise un référendum national», avait déclaré le responsable socialiste aux services publics Razzy Hammadi. «En tout état de cause, le Parti socialiste déposera une proposition de loi dans le cadre de la niche parlementaire du 15 octobre visant à fixer les modalités d'organisation d'un référendum d'initiative populaire, inscrit dans la Constitution, et que le gouvernement tarde, par calcul, à instaurer», a-t-il ajouté.
La droite veut faire voter le texte sur les référendums après la réforme de La Poste. En réponse à ces demandes,  le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer (UMP) a indiqué lundi que le texte permettant la tenue de référendums d’initiative populaire devrait être discuté "d’ici la fin de la session" parlementaire, fin juin 2010. "La série de textes de mise en oeuvre" de la réforme constitutionnelle "est longue et lourde et celui-là est le dernier qui n’a pas été adopté", a expliqué M. Accoyer sur Canal.
Selon l’article 11 de la Constitution, le référendum pourrait être organisé à l’initiative d’un cinquième des membres du Parlement, soutenu par un dixième des électeurs inscrits. "C’est un texte que le gouvernement va nous proposer prochainement, je pense que d’ici la fin de la session qui s’ouvre ce texte aura été engagé", a poursuivi Bernard Accoyer, mais en précisant, dans une sorte de râle de soulagement  : "je pense que le texte (de réforme de La Poste) à ce moment-là aura déjà été voté".
Parallèlement, les principaux ténors de la droite sont montés aux créneaux hier et ce matin pour tenter de désamorcer l'onde de choc provoqué par le succès de la votation citoyenne.  Dès dimanche, Christian Estrosi avait donné le ton en ironisant : "il n'y a aucun contrôle sur ces urnes, ça rappellera les grandes heures de l'Union soviétique", tandis que Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, n'hésitait pas à parler de "manipulation". Ce matin Jean-Pierre Raffarin versait dans l'hystérie sur les ondes de  LCI : "C'est de la fausse démocratie. On bourre les urnes avec des informations mensongères". Dans l'outrance, on en passe et des meilleures, ce qui prouve que cette initiative a fait mouche en destabilisant l'arrogance de la droite.
La leçon peut valoir pour d'autres combats. C'est ainsi que pour le sénateur du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, la "votation" envoie en revanche un message important. "Il y a un procès un peu grotesque que nous fait l'UMP en nous disant que ce n'est pas un vote", a-t-il dit sur RTL. "Ben oui, on sait que ce n'est pas un vote, c'est pour ça qu'on l'appelle une votation". Par cette "mobilisation civique", la société française "s'envoie à elle-même un signal, c'est très important aujourd'hui où règne une idéologie dominante", a-t-il estimé. "Le gouvernement va certainement enregistrer ce fait et nous, nous nous entraînons en quelque sorte, en nous mobilisant, en montrant qu'on ne cède pas", a-t-il poursuivi. "Quand la réforme constitutionnelle s'appliquera (...) nous serons prêts à demander un référendum sur ce service public"
Un et même plusieurs, car comme l'écrit Patrick Apel-Muller, l'éditorialiste de l'Humanité : "Cette puissante manifestation démocratique de la semaine montre aussi la voie pour d’autres rassemblements qui mettraient en échec la politique sarkozyste. Des militants d’origines diverses ont œuvré ensemble à ce résultat. Ils ont pris appui sur le réseau des mairies de gauche, essentiellement socialistes et communistes. La leçon peut valoir pour d’autres combats. L’accès à la santé, l’emploi, le pouvoir d’achat, la menace d’imposition des indemnités d’accidents du travail, le sort du fret ferroviaire, la destruction de 34 000 emplois de fonctionnaires, l’enseignement… Les sujets ne manqueront pas dans les prochains mois".
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