En Languedoc-Roussillon, François Hollande rate de peu le grand chelem
A la Fédération du PS de l'hérault, dimanche soir. Photo David Maugendre
Large vainqueur lors des primaires dans l’Hérault (61,75%), le Corrézien conforte son avance presque partout. Si Aubry arrache la pole position dans 11
bureaux de Montpellier, elle ne gagne que 5 communes.
Même si au fond d’eux ils ne croyaient guère au miracle, les aubrystes doivent se rendre à l’évidence. Dans l’Hérault, le succès attendu de François Hollande est net et sans bavure (61,75%). Plus
encore qu’au 1er tour puisque l’ex-maire de Tulle a transformé les 7 851 voix d’avance qu’il avait sur Aubry en 13 119. Et ce même si, comme dimanche dernier, le matelas héraultais d’Hollande
n’est pas aussi confortable que le plébiscite qui lui est accordé en Lozère (66,4%), dans les P-O (66,5%) et surtout dans le très frêchiste département de l’Aude (72,38%).
De là à ce que l’ex-premier fédéral héraultais, exclu par Martine Aubry, nuance le poids de l’héritage de Frêche qu’il veut croire intact dans le département, il y a un gouffre. «Ce
n’est pas une revanche personnelle. C’est une mise à jour» réagissait à chaud Robert Navarro, pressé de dire qu’à son goût, les équilibres de l’ancienne fédération «sont restés les
mêmes». «En deux ans rien n’a changé et j’en suis bien content.»
Navarro bientôt seul exclu ? Ce résultat et le besoin de rassemblement de la famille PS peuvent-ils favoriser un retour à la normale dans la région et surtout dans la
fédération 34 toujours sous tutelle ? Pour 57 des 58 exclus, dont le retour au bercail ne devrait plus tarder, probablement. Pour Robert Navarro, pourtant mandataire héraultais du désormais
candidat socialiste mais sur qui pèse une plainte pour «abus de confiance», cela semble encore inenvisageable. Au moment de se lancer dans le sprint de la présidentielle, il serait
étonnant qu’Hollande l’adoube au point de le réintégrer. Tout auréolé de la belle victoire de son «ami de quinze ans», Robert Navarro n’en reste pas moins à la merci d’une éventuelle
mise en examen.
Le billet d’Annie Menras
Les vrais oubliés des médias
La droite se plaint de l’omniprésence médiatique du PS. Il est vrai que les ondes et les colonnes ont détaillé comme jamais les idées et le projet
que portaient les six candidats. Il n’empêche que beaucoup de médias ont depuis belle lurette invité les caciques de droite pour empêcher la balance de peser trop à gauche. De ce fait, on a
entendu jusqu’à plus soif les Fillon, Copé, Jouanno … et Sarkozy. Par contre, certains ont véritablement disparu des écrans et des pages. Ce sont
les autres candidats de gauche : Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou. La primaire socialiste portait en elle le risque de bipolarisation du débat politique. C’est fait. D’autant que
les positions gauchisantes de Montebourg, ont pu laisser entendre que le Parti socialiste représentait à lui tout seul toutes les options possibles à gauche. Il ne manque plus désormais qu’une
remontée bien orchestrée de Marine Le Pen dans les sondages pour que ces trois candidats disparaissent totalement du premier tour, sans que la bonne conscience de quiconque en soit affectée. S’il
est vrai que les primaires socialistes ont été un véritable moment démocratique, elles pourraient se retourner contre la démocratie. Tant il ne servirait à rien à la gauche de gagner à tout prix,
voire à n’importe quel prix, si elle ne se donnait pas les moyens de changer vraiment les choses. Les six candidats n’ont pas fait le tour du débat. Souhaitons désormais qu’il s’élargisse.