Portugal : les syndicats n'appellent pas à prier
40 000 personnes samedi à Lisbonne avec les indignés.
La cocotte sociale boue au Portugal à la suite de l'annonce par le gouvernement de nouvelles mesures d'austérité. Les deux principaux syndicats se
sont accordés, lundi 17 octobre, sur le principe d'une grève générale, sans fixer encore la date de la manifestation.
Samedi soir, quelque 40 000 personnes ont manifesté à Lisbonne et à Porto dans le cadre de la journée mondiale de protestation contre le système financier. Mais la dernière véritable grève
générale au Portugal remonte à novembre 2010. Le projet du premier ministre, Pedro Passos Coelho, prévoit notamment une diminution des salaires de la fonction publique, la suppression temporaire
des 13e et 14e mois pour les travailleurs de la fonction publique et l'allongement de leur durée de travail. Dans le secteur privé, le gouvernement a annoncé une augmentation de l'horaire de
travail d'une demi-heure par jour.
En mai, le Portugal s'était engagé à un rigoureux programme d'austérité et de réformes en échange d'une aide financière de 78 milliards d'euros sur trois ans. Un des objectifs est notamment de
ramener le déficit à 5,9 % du PIB en 2011. La dernière grève générale unitaire a eu lieu au Portugal le 24 novembre 2010, contre la politique d'austérité menée déjà à l'époque par le gouvernement
socialiste de José Socrates. "Jamais les Portugais n'ont été confrontés à de telles mesures d'austérité", souligne le quotidien Diario de Noticias. Les nouvelles coupes sont
"inévitables", estime toutefois Diario Economico tout en se demandant si "ces sacrifices régleront nos problèmes" alors que la récession de l'économie portugaise "sera
nécessairement plus profonde que prévu".
D'après le Jornal de Negocios, le gouvernement tablerait désormais sur une contraction de 2,5 à 3 % du PIB. Le Portugal "risque de tomber dans une spirale récessive à la
grecque", prévient le quotidien Publico. "Il nous faudra tous prier pour que le pays n'entre pas dans une récession profonde où les recettes fiscales diminuent à chaque plan d'austérité,
dans une spirale bien connue des économistes", abonde l'un d'entre eux, Francisco Murteira Nabo, dans une tribune. Prier ? Certains n'ont visiblement pas envie de se mettre à genoux, mais au
contraire de se battre contre une fatalité qui ne tient rien de Dieu mais seulement de la main identifiables des marchés financiers.