François Bayrou, un homme de droite
Le Front de gauche entend alerter les électeurs en éditant un document sur le programme du candidat du Modem qui ne laisse aucune ambiguïté sur son
appartenance à la droite. Par Mina Kaci
Montrer «le loup dans son déguisement d’agneau». C’est la démonstration que le Front de gauche entend faire avec la brochure argumentée, détaillée, sur le programme de François Bayrou
(voir le florilège ci-contre), éditée le lendemain de l’officialisation de la candidature à l’Élysée du président du Modem. Lequel préconise «un plan d’économies de 100 milliards d’euros,
soit cinq fois plus que ce que veut M. Sarkozy», a dénoncé Jean-Luc Mélenchon, jeudi, en conférence de presse, entouré des députées Martine Billard (PG) et Marie-George Buffet (PCF), ainsi
que d’Olivier Dartigolles, élu communiste de Pau. Celui-ci propose «un stage en immersion dans les Pyrénées-Atlantiques à ceux qui doutent que François Bayrou est de droite». Les uns et
les autres mettent en gardent les électeurs «désorientés», qui peuvent être tentés par la «fausse alternative» que constituerait le Béarnais. «Quand il est dans le
Béarn, il n’y a pas photo, il est de droite. Quand il arrive à Paris, il doit changer de costume dans le train et le voilà qui apparaît en ni droite ni gauche», ironise Jean-Luc
Mélenchon. «C’est un homme de droite qui veut que l’on applique une super-austérité» renchérit Marie-George Buffet. La preuve, selon Martine Billard, «il a toujours défendu la
TVA sociale et la retraite par points à l’Assemblée nationale».
Dévoiler le programme, dénoncer la duperie. Et alerter les millions d’électeurs, notamment de gauche, contre les appels du pied de François Hollande et d’Eva Joly en
direction du «politicien roublard», selon l’eurodéputé. Eva Joly «lui décerne des récompenses par anticipation, M. Hollande laisse entendre qu’il pourrait l’avoir dans son
gouvernement», critique le candidat du Front de gauche. Jean-Luc Mélenchon affirme que ce positionnement «augmente les difficultés et complique tout. Cela laisse penser qu’il faut être
anti-Sarkozy pour avoir tout dit. Nous, nous ne sommes pas anti-Sarkozy à cause de l’homme mais de sa politique. Et M. Bayrou propose de faire pire que le chef de l’État en matière d’économie et
d’austérité». Il reproche ainsi aux autres candidats de gauche de brouiller les pistes en mettant le président du Modem au centre de leurs préoccupations.
Il n'y aura pas d'arrangement du Front de gauche
Jean-Luc Mélenchon comme Pierre Laurent ont balayé ce jeudi après-midi l'idée d'un accord de désistement au deuxième tour avancé par Eva Joly. La candidate d'Europe écologie les Verts propose qu'elle-même, François Hollande, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon s'engagent dès maintenant à se rallier au second tour à celui ou celle d'entre eux présent au second tour. "Décidément, la clarté des programmes et des alliances n'est pas le point fort d'Eva Joly, rétorque le secrétaire national du Parti communiste français dans un communiqué. Au cas où elle n'aurait pas lu celui de François Bayrou, je lui rappelle qu'il s'agit en tous points, de la règle d'or à la hausse de la TVA, à un programme d'austérité bien à droite." Allant dans le même sens, Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche à la présidentielle développe : "Le programme de François Bayrou est rigoureusement incompatible avec la gauche. Il propose la hausse de la TVA et un plan de rigueur de 100 milliards d'euros. Il refuse de recréer les postes d'enseignants supprimés par Sarkozy. La gauche n'a rien à voir avec de telles orientations." "Je refuse la logique politicienne du "tout sauf Sarkozy", poursuit Jean-Luc Mélenchon. Elle ne constitue pas une politique cohérente capable de mobiliser notre peuple et de battre durablement la droite et l'extrême droite. Elle condamne la gauche à l'échec." Pierre Laurent conclut : "Au Front de gauche, ce que nous voulons pour la France, c'est d'une rupture, au contraire, bien à gauche, pas d'une union nationale à la mode italienne sous prétexte d'antisarkozysme."