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Karachi : Hélène Gaubert confirme son témoignage accablant

Publié le par PcfBalaruc

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La princesse Hélène de Yougoslavie est l'épouse de Thierry Gaubert, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy mis en examen mercredi. © Maxppp

La femme de Thierry Gaubert confirme dans deux interviews que son mari ramenait des sacoches d'argents de l'étranger pour les remettre, notamment à Nicolas Bazire. Dans un même temps, l'étau se resserre autour de Brice Hortefeux.

« Il me disait régulièrement : "Je vais en Suisse chercher de l'argent" » rapporte-t-elle dans un entretien au Monde. Hélène Gaubert explique ainsi les allers-retours en Suisse de son mari, avec Takieddine ou seul. Selon elle, Thierry Gaubert remettait notamment cet argent liquide à Nicolas Bazire, alors directeur du cabinet et de la campagne présidentielle du Premier ministre Edouard Balladur. Elle raconte également que depuis sa déposition, elle a subit pressions et menaces, principalement de la part de son mari. Rappelons que Caubert comme Bazire ont été mis en examen cette semaine.
Thierry Gaubert a en effet eu rapidement connaissance du contenu de l'interrogatoire de sa femme avec la police. C'est Brice Hortefeux qui lui aurait transmit le contenu de la déposition, violant ainsi le secret de l'instruction. Une enquête préliminaire confiée au directeur central de la police judiciaire s'est ouverte à ce sujet. Brice Hortefeux est justement dans le collimateur du juge van Ruymbeke pour son rôle éventuel dans l'arrivée de 15 millions de francs en grosses coupures sur les comptes de campagne de Balladur en 1995. Le juge s’intéresse plus précisément à ses nombreux voyages en Arabie Saoudite, dans le cadre de la vente par la France de frégates pour près de 20 milliards de francs. Hortefeux était alors le chef de cabinet du ministre des Finances, Nicolas Sarkozy. Alain Juppé, ministre des Affaires Étrangères de l'époque, avait jugé ces déplacements « suspects »
L'opposition commence à s'insurger. Le PCF s'exclame : "La République n'est pas un cloaque ! Plus que jamais, dans cette affaire dramatique et malsaine, justice doit être faite pour déterminer les responsables et punir leurs actes." Le Parti socialiste demande lui directement au chef de l'Etat de s'expliquer.

L'intégralité de l'interview d'Hélène de Yougoslavie au Monde
Par Raphaëlle Bacqué, Gérard Davet et Fabrice Lhomme  

Quand avez-vous rencontré votre mari Thierry Gaubert ?
Nous nous sommes rencontrés en 1987, à Neuilly-sur-Seine, où nous habitions tous les deux. Et nous nous sommes mariés dès 1988. Nous sommes séparés depuis cinq ans.
Avant 1987, vous connaissiez déjà Nicolas Sarkozy ?
Non, je l'ai rencontré par l'intermédiaire de mon mari. Il me l'a présenté tout de suite, et c'est lui qui nous a mariés.
Que faisait votre mari lorsque vous l'avez rencontré ?
Il était chargé de mission à la communication à la mairie de Neuilly, et travaillait par ailleurs dans l'immobilier.
A l'époque, M. Sarkozy était un intime ?
Il était très proche, oui, il nous invitait souvent à dîner, le week-end… Il appelait mon mari tout le temps. Thierry lui était devenu indispensable.
Après son arrivée au ministère du budget, en 1993, M. Sarkozy appelle votre mari à ses côtés en tant que chef de cabinet adjoint. Quel souvenir gardez-vous de cette période ? 
Celle d'une vie beaucoup plus intense, avec ses allers-retours incessants à Bercy. Moi-même je me rendais de temps en temps au ministère, notamment pour des dîners.
C'est donc à partir de cette période [la campagne présidentielle de 1995] que votre mari aurait effectué des voyages en Suisse pour y chercher des espèces ?
Oui. Il me disait régulièrement : " Je vais en Suisse chercher de l'argent ". Il passait systématiquement, à l'aller comme au retour, par Londres, afin me disait-il d'éviter des contrôles douaniers à la frontière franco-suisse.
Quand ont commencé ces voyages et quelle était leur fréquence ?
Il m'est difficile de les dater très précisément. Je suis certaine que cela a commencé au début des années 1990. Et il se rendait en Suisse environ une fois tous les deux mois.
Mais comment justifiait-il ces déplacements ?
Il ne me disait pas pourquoi, ne me parlait pas des montants ni ne me montrait les billets. Généralement, il les ramenait dans des petites sacoches.
A quel moment vous a-t-il parlé du ou des destinataires de cet argent ?
Il m'a dit un jour qu'il allait chercher ces espèces en Suisse pour les remettre à Nicolas Bazire.
Vous n'avez pas fait le lien avec la campagne de M. Balladur dont M. Bazire était le directeur ?
Non, pas du tout. Bien sûr, je trouvais ça un peu bizarre, mais il me répondait : "C'est comme ça. " Il m'a dit qu'il m'expliquerait plus tard.
Votre mari a-t-il cité d'autres noms de bénéficiaires des fonds ?
Non, seulement celui de Nicolas Bazire.
Il semble que votre mari ait été retirer l'argent, à Genève, en compagnie de Ziad Takieddine.
C'est exact. Parfois Thierry allait chercher l'argent seul, d'autres fois accompagné de M. Takieddine.
Pourquoi, après tout ce temps, avez-vous parlé à la police, le 8 septembre ?
Tout simplement parce que j'ai été convoquée ! Je me suis contentée de répondre aux questions des policiers. Ils m'ont montré des pièces me prouvant qu'ils savaient déjà beaucoup de choses. J'ai découvert à cette occasion des documents signés de ma main, je ne pouvais imaginer qu'ils étaient compromettants pour moi. Il s'est servi de moi pour ouvrir des comptes à l'étranger. J'ai pris conscience que mon mari m'avait trahie. C'est seulement lors de cette audition que j'ai découvert le lien avec le financement de Balladur, j'ai vraiment été écoeurée.
Avez-vous subi des pressions ?
Oui, beaucoup de pressions, et des menaces, émanant de mon mari. Cela a commencé après que sa maison a été perquisitionnée, au mois de juillet. Il s'attendait à ce que je sois convoquée par la police. Alors il m'a dit : "Si tu parles, tu ne verras plus les enfants. Si je coule, tu coules avec moi, car nous ne sommes pas divorcés. " Il ne fallait absolument pas que je parle des comptes à l'étranger et des remises d'argent.
Que s'est-il passé après votre audition ?
Déjà, durant l'audition, il m'inondait de textos ! Et puis, le 14 septembre, il m'appelle et me dit : "J'ai quelque chose à te donner, descends, je suis garé dans la rue. " Une fois dans la voiture, il m'a incendiée, il était furieux. "Qu'est-ce que tu as été raconter aux flics, il paraît que tu m'as balancé ? Tu es complètement folle, tu vas partir à l'asile. " J'ai compris qu'il avait eu des informations très précises sur ma déposition.

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