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Pour la première fois de son histoire, le Sénat bascule à gauche

Publié le par PcfBalaruc

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La gauche a conquis dimanche le Sénat, une première dans l'histoire de la Ve République qui résonne comme un avertissement pour la majorité de droite à sept mois de l'élection présidentielle.

 

La victoire de la gauche au Sénat, dimanche 25 septembre, boulverse le paysage politique. Les conséquences pratiques de ce changement sont encore difficiles à déterminer. La gauche pourrait être tentée de profiter du Sénat pour donner corps à son opposition et émettre des propositions de loi, mais aussi amender les textes gouvernementaux, même si l'Assemblée nationale garde le dernier mot. Le président du Sénat aura également des pouvoirs en matière de nomination au Conseil supérieur de la magistrature ou au Conseil constitutionnel, et sera présent, en tant que deuxième personnage de l'Etat, aux côtés de M. Sarkozy dans les cérémonies officielles.
D'ores et déjà, François Hollande et le Vert Jean-Vincent Placé ont annoncé dimanche qu'il "y a une victime ce soir, c'est la règle d'or" que Nicolas Sarkozy envisageait de faire voter en Congrès. La majorité des trois cinquièmes qu'il lui fallait requérir est désormais inatteignable. Le PS pourrait aussi user des pouvoirs du Sénat en matière de contrôle de l'exécutif au travers notamment de commissions d'enquête sur les affaires qui touchent l'exécutif, comme celle de Karachi. "Nous n'avons aucune volonté d'obstruction", a déjà assuré le président du groupe PS Jean-Pierre Bel, ajoutant : "Nous entendons rendre au Sénat tout son rôle politique." Avant l'élection, Jean-Pierre Raffarin avait jugé qu'un Sénat de gauche "serait très dangereux pour la présidentielle, cela ne faciliterait pas les quelques mois qui restent".


Gérard  Larcher ne s'avoue pas vaincu. Selon un décompte encore partiel, qui ne prend notamment pas en compte l'outre-mer, l'UMP compte 127 sénateurs, le PS 122. Il y a 17 sénateurs divers droite, 8 divers gauche, 10 écologistes, 21 élus PCF, 1 élu MRC (chevènementiste), 9 Nouveau centre, 10 radicaux de gauche, 4 MoDem, 4 radicaux valoisiens (parti de Jean-Louis Borloo), 7 Alliance centriste, 1 MPF (villiériste), 1 Gauche moderne, selon le décompte de l'AFP. Au total donc, et sans comptabiliser les 4 sénateurs MoDem, la droite compte 166 sénateurs, la gauche 172. "Pour la première fois, le Sénat connaît l'alternance" a déclaré le président du groupe PS Jean-Pierre Bel. Alors que tous les résultats n'étaient pas encore parvenus, il a annoncé que la gauche avait déjà "175 sénateurs, c'est-à-dire au delà de la majorité absolue". "Le changement est en marche", a-t-il ajouté.
Il s'agit d'"une progression historique pour la gauche et une sanction incontestable pour l'UMP", a déclaré le premier secrétaire du PS par intérim, Harlem Désir, arrivé au Sénat peu après la candidate à la primaire PS Martine Aubry et celle de François Hollande. L'Elysée a "pris acte" de la défaite de la droite, mais l'UMP ne renonce pas à conserver la présidence du Sénat. Gérard Larcher, président UMP sortant du Sénat, a annoncé qu'il serait candidat à sa propre succession. "La majorité sénatoriale, celle d'hier, n'avait pas les contours de la majorité présidentielle. Celle d'aujourd'hui a-t-elle celle du Parti socialiste ? a-t-il interrogé. Elle reste à construire." "Les sénateurs auront à se déterminer entre deux projets, entre deux visions pour notre assemblée, deux candidats", a-t-il ajouté. En clair, Gérard Larcher espère convaincre quelques sénateurs radicaux ou divers gauche de voter pour lui, samedi 1er octobre, lors de l'élection à la présidence du Sénat. Le palais du Luxembourg se trouverait alors dans une situation inédite : un président de droite et une majorité de gauche. Le PS a immédiatement mis en garde : "Il y a une majorité claire. Je ne crois pas à un tripatouillage pour nous piquer des voix. On aurait un Sénat ingouvernable", a déclaré Christophe Borgel, secrétaire national aux élections du Parti socialiste.

 

A l'UMP,  Jean-François Copé a estimé qu'il s'agissait d'une "défaite", qui constitue "une déception mais pas une surprise" en raison "des défaites locales successives" depuis 2004. "C'est au troisième tour que  se dessinera vraiment la majorité sénatoriale" avec l'élection du président du Sénat, a-t-il nuancé, en affirmant par ailleurs que "les vrais  rendez-vous, c'est l'année prochaine", avec la présidentielle et les législatives. François Fillon, lui, a pris acte de la "forte poussée"  de l'opposition, "accentuée  par les divisions de la majorité". "Le moment  de vérité aura lieu au printemps prochain", poursuit dans un communiqué le premier ministre, pour qui "ce soir, la bataille  commence".

 

Les  écologistes remportent dix sièges. Ils n'étaient que quatre avant les élections. Ils sont désormais dix sénateurs Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV). C'est donc une très grande progression pour le parti de Cécile Duflot, qui a qualifié cette victoire de "moment historique pour la Ve République" avec notamment "l'immense probabilité du premier groupe écologiste parlementaire dans un Parlement en France". Mais pour cela, il faudra modifier le "règlement intérieur du Sénat pour passer à un seuil qui permette cette représentation", a-t-elle indiqué. Actuellement, il faut 15 sénateurs pour avoir un groupe. EELV veut faire abaisser ce seuil à 10 élus. Un accord serait déjà intervenu avec le PS sur cette question. Parmi les nouveaux élus Verts, le vice-président du conseil régional d''Ile-de-France, Jean-Vincent Placé, qui fait son entrée au Sénat après avoir été élu dans l'Essonne.

 

Les  communistes gardent leur groupe. Pas de grosse surprise pour le groupe Communiste, républicain, citoyen et des sénateurs du Parti de gauche (PG). Il perd trois sièges sur les 18 à renouveler. Le PCF a perdu deux sièges, un en Seine-Saint-Denis et un dans l'Essonne. Il en a en revanche gagné un dans le Morbihan (Michel le Scouarnec). Quant au PG, il a perdu les sièges qu'il détenait, mais qui avait été élu sous des étiquettes PS et divers gauche. "La citadelle de la droite est tombée !", a déclaré le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent. "C'est  une sanction sans appel de la politique gouvernementale. Ce scrutin porte la marque du rejet de ses choix et de la colère des élus des collectivités territoriales face aux attaques répétées du gouvernement contre la démocratie locale." Lui-même était candidat à Paris mais a échoué à rentrer au palais du Luxembourg. 

 

Dans la région Languedoc-Roussillon, le scrutin sénatorial concernait deux départements. En Lozère,  Jacques Blanc (UMP), sénateur sortant de Lozère et ancien président de la région a été battu par Alain Bertrand (PS) de 4 voix. Alain Bertrand a enregistré 173 voix, contre seulement 169 pour Jacques Blanc. Jean-François Partigon (FN), qui était resté en lice, n'enregistre lui aucune voix. Deux votes nuls ont été décomptés. Dans les Pyrénées  orientales, Christian Bourquin, président divers gauche de la région Languedoc-Roussillon, a été élu sénateur au premier tour de l'élection dans les P.-O. avec 580 voix. surprise du premier tour des sénatoriales de ce dimanche, qui a consacré Christian Bourquin à la majorité absolue avec 580 voix, la seconde est arrivée à la proclamation des résultats de 18 H 30. Il a fallu attendre un deuxième tour pour connaître le vainqueur du second duel. Surprise, c'est le député PS François Calvet qui l'emporte avec 463 voix sur le sénateur sortant UMP  Jean-Paul Alduy, 324 voix.

 

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