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Le Web, réceptacle des déceptions de l’UMP

Publié le par PcfBalaruc

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Nicolas Sarkozy obtient son plus bas niveau d’approbation depuis son élection en 2007, plafonnant
à 36% d’opinions favorables et encaissant une chute de 4 points, selon Paris Match-Ifop 

Il y a les “éléments de langage” distillés par les caciques du parti et les ministres du gouvernement, tels Xavier Bertrand, mardi 16 mars sur France Inter. En résumé : rien n’est perdu, la stratégie de l’union au premier tour était la bonne, ces élections ne sont en rien un avertissement. Et puis il y a les voix de la base. De plus en plus nombreuses, de plus en plus dissonnantes.

Celles des élus locaux de l’UMP, tout d’abord. Du moins ceux qui peuvent se permettre de dire ce qu’ils pensent. Souvent, cela passe par une prise de position sur leur blog. Parfois en douceur, comme Alain Juppé, qui estimait, lundi 15 mars, qu’une “réflexion s’impose désormais sur le rythme des réformes, la méthode selon laquelle elles sont lancées et préparées, la concertation qui les accompagne, la façon dont elles peuvent être mieux comprises et acceptées”. Parfois de façon bien plus critique, comme le député Christian Vanneste, élu du Nord, qui n’hésite pas à écrire sur son carnet en ligne : “À force de confier missions, rapports et responsabilités à la gauche, on est parvenu à faire comprendre aux électeurs qu’il était plus logique de donner directement le pouvoir à celle-ci. À force de s’enliser sur la question de l’identité nationale, et de laisser traiter ce sujet par des acteurs dans des rôles de composition, on a facilité le retour du Front national. À force de vouloir paraître plus vert que vert, avec l’absurde taxe carbone, on a permis le succès de l’imposture politique du parti écologiste”.
Le député résume bien trois des principales critiques faites par les élus du parti présidentiel comme par les militants : l’ouverture à gauche, l’échec du débat sur l’identité nationale et une politique pro-écologiste qui n’a fait que déboussoler l’électorat UMP. Sur son blog, Claude Gloasguen, député de Paris, dénonçait ansi, vendredi, “l’ouverture pratiquée”, qui “ne correspond pas à ce qu’attendaient nos électeurs en 2007″. Même chose pour Lionnel Luca, député des Alpes-Maritimes, qui fustige “le strabisme présidentiel de gauche avec l’ouverture”. Le député de Paris Bernard Debré critique également avec force la responsabilité de l’Elysée dans ce triple échec : ”Une taxe carbone, pourquoi ? D’ailleurs elle est oubliée, voici des voix supplémentaires pour les écolos. Identité nationale : débat subi, débat stoppé. Voici des voix pour le Front national. Ouverture à tout va, qui se traduit dans l’idée des électeurs : gauche et droite interchangeables… Voici des voix pour l’abstentionnisme”.
Une chose est certaine : depuis l’élection du chef de l’Etat, en 2007, jamais les élus “de base” de la majorité n’avaient aussi fortement ni aussi ouvertement critiqué la stratégie présidentielle, voire la personne même de Nicolas Sarkozy. Il faut dire que l’échec des régionales vient entériner une crise de confiance qui dure depuis plusieurs mois au sein de l’électorat UMP. L’affaire Jean Sarkozy, la mise en cause de Frédéric Mitterrand, l’échec du sommet de Copenhague, la censure de la taxe carbone… Ces derniers mois ont déboussolé les militants et les électeurs du parti. Un désarroi qui s’est traduit dans les urnes dimanche, mais que les élus locaux constataient depuis longtemps.

“Nicolas Sarkozy s’est déraciné de sa base électorale”
Sur le Net, le trouble est perceptible jusque dans les sites officiels du parti. La plateforme participative Créateurs de possibles s’est enrichie de nouvelles “initiatives”, comme “créer une chambre consultative des membres du Conseil national”. Alexandre B., à l’origine de l’idée, exige que “ces militants, ces cadres du parti soient écoutés et respectées…comme il se doit”. Dans l’initiative “Se mobiliser pour le 2e tour”, Jacques P. écrit une longue critique du monde politique, qu’il conclut par ces mots : “La république est perçue par beaucoup de gens comme “bananière”… Pour mobiliser il faut croire… Ce n’est pas le cas…” 
Même ambiance sur le forum officiel des Jeunes Populaires. Un membre nommé Foetus explique : “Au passage, les gentils messieurs de l’UMP qui voient dans les abstentionnistes leur réserves de voix pour le second tour, feraient bien de se demander si les jeunes de 18 à 20 ans sont leur plus fidèle soutien et la plus enthousiaste des classes d’âge pour les belles réformes de l’actuel président de la République”. Avant d’ajouter, plus loin dans la conversation : “L’UMP a joué avec les peurs et la xénophobie, c’est en partie pour cette raison que les électeurs de droite se sont abstenus”.
Les blogueurs plutôt proches des idées de la droite républicaine ont depuis longtemps cédé au désenchantement. Dans un billet de commentaire des résultats du premier tour, Pensées d’outre-politique notait ainsi : "Beaucoup de gens avaient été séduits par le discours de Nicolas Sarkozy. Et si, enfin, on tenait celui qui ne mentira pas, qui dira ce qu’il fera et fera ce qu’il dira ? Las ! Trois ans après, force est de constater que Sarkozy est comme les autres : un beau parleur qui n’a rien fait pour rendre la «République irréprochable», et qui a échoué dans son combat pour le pouvoir d’achat. Les impôts n’ont pas baissé, le chômage augmente, le déficit se creuse, les services publics reculent, et en plus, on réalise un grand emprunt ! Pas étonnant, dans ces conditions, que nombre d’électeurs retournent au bercail, c’est-à-dire au Front national !” Autre blogueur plutôt situé à droite, CaReagit estime que “N. Sarkozy s’est déraciné de sa base électorale historique et c’est en cela que cette élection est une catastrophe pour l’UMP”
Yves Thréard, éditorialiste au Figaro et peu soupçonnable d’adhérer aux idées du PS, se fait aussi l’écho de cette défiance croissance sur son blog. Dans un billet au vitriol titré “Sarkozy, l’UMP et le déni de réalité”, il explique : “la gifle de dimanche et le haut niveau d’abstention s’expliquent en grande partie par un rejet grandissant de Nicolas Sarkozy. Rejet par un électorat populaire de nouveau sensible aux sirènes du FN, ou/et victime de la crise sociale qui touche notre pays. Rejet par une partie de l’électorat traditionnel de droite aussi qui désapprouve tous les sujets qui ont fait la une de l’actualité depuis septembre : Polanski, Jean Sarkozy, Clearstream, taxe carbone, ouverture… Sarkozy doit impérativement sortir du bourbier dans lequel il s’est mis s’il veut avoir une chance en 2012″.
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