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Les cheminots sur le pied de guerre pour l'emploi

Publié le par PcfBalaruc

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La Sncf a perdu 22.000 emplois depuis 2003.

 

Les syndicats dénoncent les réductions d'effectifs. La CGT affirme que la durée de la grève sera liée à "l'ouverture ou non des négociations et des résultats".

Les cheminots entament mardi 6 avril, à partir de 20h00, une grève de 24 heures reconductible à l'appel des deux principaux syndicats, la CGT-cheminots et SUD-Rail. L'appel à la grève concerne les contrôleurs, les agents du fret et les 16.000 conducteurs de train. Les autres catégories de personnel, y compris les agents affectés au matériel, les commerciaux et les administratifs sont appelés à une grève de 24 heures à partir de jeudi par la CGT et dès mercredi par SUD-rail.
Aucune reprise des négociations n'est officiellement prévue avant le début de la grève, selon la direction de la SNCF et la CGT. La direction de l'entreprise répète cependant que sa porte est ouverte pour négocier sur plusieurs points, comme elle l'a fait la semaine dernière avec la CFDT et la FGAAC (conducteurs). "Chez les roulants, nos sondages sur les déclarations d'intention montrent une progression par rapport aux grèves du 23 mars et du 3 février, avec toujours un peu de faiblesse dans le nord-est", a affirmé Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT-cheminots.
Des cheminots de Sud Rail aimeraient, pour leur part, faire la jointure avec le dossier des retraites qui s'ouvre avec une première réunion de cadrage le 12 avril au ministère du Travail. "Si le 12 avril, il y a un mouvement fort, c'est tant mieux. Mais ce sera aux assemblées générales d'en décider", précise cependant lundi au Parisien Julien Troccaz, secrétaire fédéral de Sud Rail. "La SNCF a perdu 22.000 emplois depuis sept ans, 3.700 cette année et veut encore en supprimer 8.000 d'ici 21012, alors qu'il y a une recrudescence des dysfonctionnements en raison des sous-effectifs", a dénoncé Didier Le Reste. Le secrétaire général de la CGT-cheminots a affirmé que la durée de la grève serait liée à "l'ouverture ou non des négociations et des résultats". "Personne ne peut dire aujourd'hui combien de temps le conflit va durer", a-t-il dit lundi sur RMC.

 

Didier Le Reste : «Il y a convergence d’intérêts entre cheminots et usagers de la SNCF»

Le secrétaire général de la CGT revient sur l’échec des négociations et appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités dans le conflit. Entretien réalisé par Pierre-Henri Lab 


Pourquoi les négociations dans le cadre des préavis de grève ont-elles échoué ?
Il n’y a pas eu de véritables négociations. Ce sont au mieux des bavardages, au pire de petits arrangements entre amis. Aucune des revendications formulées dans chacun des préavis n’a fait l’objet de réponses sérieuses et adaptées. La plupart des annonces de la direction présentées comme des acquis de la discussion sont en fait des mesures qui ont déjà été actées en 2009. Rien sur le fret. Rien sur les salaires alors que l’augmentation de 0,9 % chichement concédée est en dessous de l’inflation prévisible. Rien sur les réorganisations. Rien non plus sur les revendications propres à chaque métier. Au lieu de vraiment négocier, la direction a mis à profit le préavis pour s’employer à diviser les syndicats.

Pour expliquer le retrait de son préavis, la CFDT dit qu’il est nécessaire d’économiser ses forces pour les retraites…
Le retrait de la Fgaac-CFDT du conflit était cousu de fil blanc. Ce syndicat a fait valider son préavis par la direction de manière à ce que celle-ci puisse y apporter des réponses. La direction a même communiqué en interne la levée du préavis de la Fgaac-CFDT avant celle-ci. L’histoire se répète. La direction cherche à fragiliser l’unité syndicale et sans doute à préparer les élections professionnelles de 2011. Quand à l’argument selon lequel il faut en garder «sous la pédale pour les retraites», les cheminots ne sont pas dupes et savent à quoi sans tenir. Par le passé, en 1995, en 2003 et 2007, ils ont pu apprécier «la combativité» de la CFDT sur ce dossier.

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de pénaliser les usagers au nom de la concurrence avec SUD rail ?
Toujours cette vieille rengaine de la concurrence entre syndicats. Encore une fois, il s’agit d’un rideau de fumée pour ne pas parler des vrais problèmes et des véritables responsabilités dans la dégradation du service public. La CGT ne se détermine pas par rapport aux autres organisations mais en fonction des revendications des cheminots. Rappelons que le 23 mars dernier, lors de la mobilisation sur les retraites, SUD rail appelait à une grève reconductible et pas la CGT. Quant aux usagers, nous entendons leurs mécontentements et nous le comprenons. Annulations de trains, retards, pannes, leur quotidien est devenu de plus en plus difficile. Si nous laissons la direction mener à bien ses restructurations et singulièrement les 8 000 suppressions d’emplois qu’elle projette de réaliser d’ici à 2012, alors le service public sera encore plus dégradé. Se rendre à son travail ou sur son lieu d’étude deviendra un parcours du combattant. Il y a convergence d’intérêt entre cheminots et usagers. Améliorer les conditions de travail des uns, c’est améliorer les conditions de transport des autres.

Qu’attendez-vous de la direction ?
 Les déclarations préalables de participation à la grève faites par les cheminots nous indiquent que la mobilisation devrait être nettement supérieure aux dernières mobilisations du 3 février et du 23 mars derniers. La direction serait bien inspirée de passer du bavardage à de véritables négociations. Concrètement, la direction doit accepter une révision à la hausse du budget 2010 en matière d’emplois. Nous revendiquons le recrutement de 2 000 agents et la résorption de l’emploi précaire. En matière de salaires, il faut les revaloriser et travailler par exemple à la création d’un véritable 13e mois. Sur les restructurations, au-delà des retours d’expériences qui vont durer plusieurs mois, des carences sont identifiées. La SNCF doit accepter de s’asseoir autour de la table de négociation pour les résorber. En ce qui concerne le fret, nous exigeons un moratoire sur la stratégie mortifère mise en œuvre actuellement. Non seulement la direction transfert des trafics vers la route mais, en fermant des triages, elle est en train de casser l’outil interdisant à l’avenir toute reconquête. Le gouvernement doit aussi prendre ses responsabilités. Il ne peut pas se désintéresser d’une crise sociale à la SNCF ni d’une gestion de l’entreprise qui tourne le dos aux mesures du Grenelle de l’environnement, qui plus est en pleine semaine durable.

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