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Châtellerault : les salariés de Fabris menacent de faire sauter leur usine

Publié le par Daniel Sario

A Châtellerault, les 366 salariés de Fabris, en liquidation judiciaire, menacent de détruire les stocks de collecteurs d'échappement si Renault et PSA ne leur versent pas 30 000 euros de prime. Pour eux, les deux constructeurs sont responsables de leur situation et ce n'est pas le Contrat de transition professionnelle qui va les sortir d'affaire.
Les salariés de New Fabris à Châtellerault , qui menacent de faire sauter leur usine en liquidation s'ils n'obtiennent pas une prime de 30 000 euros, ont rendez-vous le 20 juillet avec le ministre chargé de l'industrie Christian Estrosi, a-t-on appris lundi auprès de la préfecture de la Vienne. La préfecture n'a toutefois pas pu dire si le rendez-vous aurait lieu avec M. Estrosi lui-même ou avec son directeur de cabinet. Elle a précisé que ce rendez-vous avait été calé avant le week-end.
Selon Anne Frackowiak, directrice de cabinet de la préfecture de la Vienne, les effectifs du centre de secours de Chatellerault ont été renforcés par des sapeurs-pompiers professionnels, même si l'ultimatum des salariés court jusqu'au 31 juillet. "Nous gardons le contact avec les salariés" a-t-elle indiqué en ajoutant : "Si la situation se tendait, nous en serions informés, mais pour l'instant, ils sont surtout calmes et déterminés".
Les salariés de Fabris ont déjà rencontré le groupe PSA la semaine dernière, et ont un rendez-vous avec Renault ce jeudi 16 juillet. Ils demandent aux deux groupes automobiles, quiétaient clients de leur usine, de payer la prime de 30 000 euros qu'ils réclament.  Renault et PSA, principaux clients de New Fabris considèrent que le versement d'une telle indemnité n'est pas de leur ressort. Interrogés par l'AFP, les directions des deux groupes ont souligné lundi leurs efforts financiers consentis depuis plusieurs mois en faveur de New Fabris. A la direction de Renault, on souligne également les efforts du constructeur en faveur de New Fabris depuis sa mise en règlement judiciaire, "sous forme de maintien des commandes et d'avances de trésorerie". "Nous avons essayé aussi de susciter des offres de repreneurs potentiels, mais aucun ne proposait de solution pérenne", ajoute la direction de la marque au losange.
Les salariés de Fabris ne partagent pas ce point de vue, loin s'en faut. "On connaît les responsables, ce sont les donneurs d'ordres" souligne Christian Paupineau, délégué du personnel CGT qui a 29 ans d'ancienneté dans l'usine. "PSA et Renault nous ont lâchés malgré la montagne d'argent public qu'ils ont reçue" explique-t-il. Mais pour lui, comme pour ses collègues, tout cela procède d'une stratégie. A l'envoyé spécial de l'Humanité, Thomas Lemahieu, il précise : "ce qui se passe aujoud'hui dans l'automobile, ça reste largement invisible, mais c'est l'équivalent du démantèlement du textile et de la sidérurgie. (...) Dans la crise, Renault et PSA sont en train de restructurer tout le secteur des équipementiers ; ils ont droit de vie ou de mort, et ils l'utilisent sans état d'âme. Après nous avoir demandé des rétrocessions de productivité de 3% , ils nous enterrent".
Prononcée le 16 juin, la  liquidation judiciaire de Fabris signifie la mise en Contrat de transition professionnelle (CTP)  des salariés, un dispositif spécial pour les bassins d'emploi particulièrement touchés par la crise qui prévoit pendant douze mois, une indemnisation supérieure au chômage. "Mais après on fait quoi ?"  s'interrogent les métallos. L'idée de mettre la main sur le stock de 50 000 collecteurs d'échappement destinés à Renault et PSA leur est venue récemment. Le journaliste de l'Huma raconte : "Victimes de cette politique de la terre brûlée, les 366 salariés de l'équipementier de Châtellerault regardent les rapaces rôder autour de l'usine. Il y a une dizaine de jour, lors d'une manif dans les rues de la sous-préfecture, ils ont découvert, avec stupeur, le prix facturé au client pour l'un des collecteurs qu'ils fabriquaient : 265 euros. Mais sur les cageots de pièces usinées, Christian Paupineau et Guy Eyermann (les deux délégués CGT -Ndlr) s'exclament : "nous, on achetait le brut de fonderie à 6 euros et, après usinage chez Fabris, on revendait la pièce pour 9 euros. Comme quoi, du pognon, il y en a, dans les caisses de renault et PSA. C'est là qu'on doit taper !" Et ce qui fut dit, fut fait.

Note
Fabris dépendait du groupe italien Zen comme La SBFM à Caudan dans le Morhiban qui, elle, vient d'être repris par Renault. Voir notre article du 1er juillet.


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