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A gauche , des rencontres tous azimuts pour sortir de l'ornière

Publié le par PcfBalaruc



La rencontre du Front de gauche le 6 juillet à la Mutualité est-elle le point de départ d'un nouvel élan de cette force politique née pour et avec les élections européennes ? Surprise ! L'appel à un "projet commun" lancé par Martine Aubry, après cette initiative, semble lui donner plus de crédit que prévu. En tout cas, le Parti socialiste, en panne de perspectives et toujours aussi divisé par son obsession des présidentielles, paraît de plus en plus sérieusement inquiet de perdre son leader-ship sur l'opposition.

Etat des lieux et analyse  avec Sébastien Crépel , journaliste à l'Humanité.

Ecarter le retour des scénarios catastrophes. Et si la gauche était toujours à la recherche d'une sortie à la crise ouverte le 21 avril 2002, avec son élimination au premier tour de l'élection présidentielle ? Une crise prolongée le 6 mai 2007, après la victoire de Nicolas Sarkozy dans la course à l'Elysée contre Ségolène Royal. Et depuis 1997, la gauche n'a plus gagné d'élections nationales.Certes, entre-temps, elle a remporté des élections intermédiaires, qui l'ont rassurée sur ses capacités de rebond : régionales et européennes en 2004, municiaples et cantonales en 2008. Sancompter le "non" au référendum de 2005, qui a renforcé pour un temps son aile "antilibérale" contre les états-majors des partis dominants des deux camps.
Mais la défaite aux élections européennes du 7 juin la replonge dans les affres de 2002 et 2007. Dans un spectaculaire remake de ces précédents épisodes, elle donne globalement le spectacle d'une gauche éclatée, aphone et atone dans son opposition à la droite, livrée aux querelles d'appareils et aux ambitions personnelles, faute d'un projet crédible et mobilisateur. Signe de cette crise, comme en 2002 et 2007, les appels se multiplient pour rassembler et refonder la gauche, à l'instar de celui de Robert Hue, François Rebsamen, Vincent Peillon, etc ("Le Monde" du 7 juillet), tandis que les clubs fleurissent autour de leaders du Parti socialiste (Peillon, Hollande, Moscovici, Valls...) comme autant d'écuries présidentielles.
Combler le décalage entre les attentes et l'offre politique. A regarder par delà l'image qu'en renvoient les médias, pourtant, le paysage est plus contrasté qu'il n'y paraît, les transferts de voix s'étant pour l'essentiel effectués au sein même de la gauche. Mais surtout le niveau d'abstention record constaté aux européennes (59,4%), particulièrement dans l'électorat populaire, témoigne du décalage entre les attentes et l'offre politique à gauche. ces attentes, fortement exprimées dans les mouvements sociaux de ces derniers mois et le soutien majoritaire qu'ils rencontrent dans l'opinion , se heurtent à l'absence de constructions suffisamment unitaires les traduisant de manière crédible dans le champ politique.Le front de gauche est sans conteste la liste qui a été le plus loin sur ce terrain, recueillant à l'issue d'une campagne imprégnée des revendications de ces mouvements, un score honorable de 6,5% quand on lui en octroyait tout juste 3% en février. Mais l'objectif de construire une majorité populaire est encore loin. Avec à peine plus de 2,5% des électeurs inscrits, "la démarche populaire fait encore largement défaut à la construction engagée" constate Pierre Laurent, coordinateur national du PCF (l'Humanité du 6 juillet 2009). pour le responsable communiste, "l'heure n'est pas à en rabattre", mais à "poursuivre, enraciner et élargir la démarche du Front de gauche" aux citoyens et autres forces de gauche, en partant des contenus. "L'objectif doit être clairement de faire bouger les lignes, par les luttes et le débat politique, en poussant par exemple à sortir de leurs rails de certitudes les forces qui veulent continuer leur chemin comme si de rien n'était".
Le Parti socialiste veut préserver son leader-ship sur l'opposition . toujours obnubilé par les présidentieUn objectif rien moins que facile. Car les vieilles certitudes ont la vie dure. certes, Martine Aubry, au PS, a esquissé un début d'autocritique : "En Europe, la social-démocratie est en crise, parce qu'elle a molli sur ses valeurs et n'a pas su moderniser ses réponses. Elle s'est laissé imprégner par uncertain libéralisme, qui était le soi-disant signe de la modernité (Le Monde des 5 et 6 juillet)". Mais du PS au NPA, les réponses envisagées par ces partis ne rompent pas avec les contructions de sommet, le périmètre des alliances déterminé à priori primant la question du contenu politique.
Ebranlés par les résultats qui placent le PS au coude-à-coude avec les écologistes (respectivement 16, 48% et 16,28%), les socialistes font de la préservation de leur leadership sur l'opposition leur principal objectif. Le tout  sur fond de persisitance de divergences stratégiques en leur sein, entre, d'un côté, ceux qui continuent de lorgner vers le Modem en dépit de son échec aux européennes (8,4%), et, de l'autre, ceux qui, comme Benoît Hamon, estiment "assez logique que la question de listes communes soit posée" avec les Verts et les communistes aux régionales de 2010, en échange de la promesse de présidences de région laissées aux "partenaires du PS" (Libération du 2 juillet). Le but est toujours selon Benoit Hamon, le "rassemblement de la gauche en 2012" autour du candidat désigné par les primaires..., candidat socialiste évidemment Cet objectif de primaires devant aboutir à un candidat unique de la gauche à la présidentielle guidant toute la stratégie du PS.
Confusion chez les Verts et à la "gauche de la gauche". Du côté d'Europe Ecologie (le 7 juin), Daniel Cohn-Bendit exhorte les siens à refuser par avance toute alliance avec le PS aux régionales. Le tout en multipliant les appels du pied aux militants du Modem et du PS à rejoindre Europe Ecologie. l'ex-leader soixante-huitard, qui vote la plupart des directives libérales au Parlement et a affiché son soutien public à une candidature de ...François Fillon à la tête de la Commission européenne, se verrait bien ainsi au centre d'une recomposition politique affranchie du clivage gauche-droite? Au risque de heurter la culture des Verts, tiraillés entre leur culture de gauche et leur volonté de capitaliser le résultat de leur rassemblement transcourants aux européennes.
Enfin à la "gauche de la gauche", les déclarations contradictoires ajoutent à la confusion. Le NPA de Besancenot, qui avait été sanctionné pour son cavalier seul et son refus d'entrer dans le front de gauche aux européennes (4,9% eu lieu des 9 à 10% escomptés en début de campagne), tente d'effacer cette image négative de diviseur. Il fait mine d'assouplir sa position en se disant ouvert à des "fusions techniques" avec le PS au second tour. Mais sa sincérité est fortement mise en cause par le maintien des mêmes préalables à des listes unitaires avec le Front de gauche au premier tour. Il s'agit toujours pour le NPA, de refuser tout accord de gestion et de majorité politique même sur un programme social avec les socialistes ou Europe Ecologie.
Pour le PCF, la recherche de l'unité la plus large à gauche sur des contenus. Ecueil majeur sur lequel bute la gauche depuis 2002 : tous ces raisonnements laissent de côté la question du projet et du contenu programmatique comme ciment d'une construction politique associant les citoyens. A l'issue d'une rencontre avec le NPA, le PCF a réaffirmé son attachement à "ne poser aucun préalable à la recherche de l'unité" la plus large à gauche à partir des contenus. Ce dont a témoigné en actes la rencontre de la mutualité, la semaine dernière, regroupant 600 personnes autour de responsables syndicaux, associatifs, d'intellectuels...
"Probablement un succès pour les organisateurs. Mais incontestablement une nouvelle étape vers l'élargissement du Front à d'autres forces", relevait le journaliste de Mediapart (4 juillet), site d'information en ligne de l'ancien directeur du "Monde", Edwy Plenel. Et d'ajouter : "Ce qui a frappé aura été cette radicalité dans l'expression et cette ambition dans la constitution d'une force alternative majoritaire"


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