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La contre-offensive conservatrice en Amérique latine commence au Honduras

Publié le par Daniel Sario


Des milliers de partisans de Manuel Zelaya manifestent dans la capitale Tegucigalpa

Plus de 3.000 partisans de Manuel Zelaya, le président du Honduras renversé par la force le 28 juin, ont menacé lundi à Tegucigalpa, la capitale, de boycotter l'élection présidentielle prévue en novembre s'il n'était pas ramené au pouvoir d'ici-là. Il apparaît cependant de plus en plus évident que le Honduras sert de premier jalon à la contre-offensive conservatrice en Amérique latine. 
Les manifestants marchent depuis plusieurs jours jusqu'à la capitale, Tegucigalpa, depuis l'est du Honduras, tandis que d'autres cortèges similaires se dirigent, à pied eux aussi, vers San Pedro Sula (nord-Ouest), la capitale économique du pays. "L'objectif, c'est le rétablissement de l'ordre institutionnel avec le retour au pouvoir du président manuel Zelaya", a déclaré un dirigeant de la marche, le prêtre salvadorien Andres Tamayo, membre du front de résistance contre le coup d'Etat. "Si le président putschiste n'accepte pas, il n'y aura pas d'élections. Nous allons les boycotter", a-t-il ajouté.
Roberto Micheletti, l'ex-président du Congrès promu chef de l'Etat après l'éviction de M. Zelaya, s'oppose au retour du président déchu à la tête d'un gouvernement d'union nationale, solution à la crise proposée par le médiateur, le président costaricien Oscar Arias, selon un plan conçu par Washington. Il refuse aussi l'éventualité d'une présidentielle anticipée, également proposée par M. Arias, et a affirmé son intention de la maintenir à la date prévue le 29 novembre, bravant ainsi un peu plus la communauté internationale.
Les Etats-Unis, le Mexique et le canada, réunis lundi en sommet nord-américain au Mexique, ont encore répété que "le président Zelaya demeure le président démocratiquement élu" au Honduras et qu'il doit y revenir au pouvoir. L'organisation des Etats-américains (OEA) doit étudier aujourd'hui mardi à Washington les nouvelles conditions de sa mission ministérielle de médiation au Honduras, d'abord prévue le jour même et reportée en raison du refus opposé par le camp Micheletti de recevoir le sécrétaire général de l'organisation, José Miguel Insulza. Le gouvernement des putchistes a finalement accepté la présence de M. Insulza, mais seulement s'il venait à titre d'observateur.
Derrière les feux de l'actualité c'est pourtant une autre réalité qui prend de plus en plus forme. "Depuis quelques temps, la droite se reconstruit en Amérique latine organisant  des conférences, partageant leurs expériences, affinant leur message, travaillant avec les médias et nouant des liens avec leurs alliés aux Etats-Unis" explique le journaliste Miguel Tinker-Salas. "Il ne s'agit pas de la frange fanatique mais plutôt de la droite classique avec de puissants alliés dans les classes moyennes et qui se considéraient comme centristes, mais qui ont été effrayées par les récentes victoires électorales de la gauche et la montée des mouvements sociaux" souligne ce spécialiste de l'Amérique latine. Son analyse prend en compte la nouvelle donne : l'arrivée d'une administration démocrate aux Etats-Unis. "Avec Obama à la Maison Blanche et Clinton au Département d'Etat, ils ont décidé de passer à l'action. Bush, Cheney et compagnie ne leur accordaient pas d'attention et leurs étaient inutiles. Mais avec un "libéral" à la maison Blanche, les forces conservatrices ont désormais la couverture qu'ils espéraient" poursuit le journaliste qui précise : "Ce n'est pas une coïncidence si l'opposition au Venezuela a applaudi à la nomination de Clinton au département d'Etat en déclarant qu'ils avaient désormais un allié dans l'administration". Pour Miguel Tinker-Salas "L'ancien axiome de la Guerre Froide selon lequel il n'y a pas de meilleur antidote à la gauche qu''un gouvernement libéral à Washington prend une nouvelle signification sous Obama avec Clinton au département d'Etat".
Il va de soi que pour Tinker-Salas "les dirigeants du coup d'Etat au Honduras et leurs alliés cherchent à gagner du temps, les valses hésitations de Washington leur permet d'épuiser les options. (...) Il devient de plus en plus évident qu'il n'y a aucune chance que les élites du Honduras acceptent le retour de Zelaya. Je ne pense pas qu'ils aient de plan B et cela en dit long sur les conseils qu'ils reçoivent des forces US dans la région". Il va s'en dire que cette situation comporte un revers et les rassemblements qui ont lieu en ce moment dans le pays pèse dans la balance comme le résume Miguel Tinker-Salas : "Si Zelaya revenait, la Cour suprême, le congrès, l'armée et l'église perdraient toute crédibilité et son retour ouvrirait la porte aux mouvements sociaux et politiques au Honduras qui feraient pression en faveur d'un changement radical que les forces conservatrices auraient du mal à endiguer".



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