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Bien peu de cas des vies algériennes

Publié le par Daniel Sario

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Le sort des otages étrangers pris dans le filet de l'attaque terroriste sur le site gazier d'In Amenas a été au centre des préoccupations des Etats occidentaux et de la presse internationale. Mais les victimes algériennes ont été ignorées. Par Abdou Semmar

 

In Amenas, cette tragédie algérienne, nous aura livré des leçons existentielles très précieuses. Le terrorisme barbare a encore une fois frappé l'Algérie. Et l'Algérie a, encore une fois, tenu bon. La prise d'otages fut spectaculaire et le scénario de l'assaut de l'armée algérienne est digne d'un film produit par Hollywood. Comme quoi, la réalité peut des fois égaler, voire dépasser, la fiction. Mais cette réalité cauchemardesque a alimenté une profonde injustice. Et cette injustice n'est nullement une fiction.


C'est même une réalité amère qui a bouleversé tous les Algériens. Des Algériens qui redécouvrent encore le mépris que le monde entier leur jette à la figure. Un mépris auquel mêmes les morts algériens ont eu droit. A In Amenas, personne ne s'est soucié de ces otages algériens qui ont été, pourtant, six fois plus nombreux que ces otages étrangers dont le sort a ému toute la presse internationale. Une presse qui n'a réservé ses colonnes que pour les victimes occidentales détenues par ces terroristes avides de sang européen et américain. Un sang jugé peut-être pas plus pur, mais en tout cas plus rentable pour un marchandage ignoble. Qu'est-il arrivé aux otages britanniques ? Qu'est-il advenu des otages japonais ? Et les ressortissants américains sont-ils en sécurité ? Voici les questions qui ont taraudé les esprits de la presse durant ces quatre jours de prise d'otages, un film d'horreur qui aura épouvanté le monde entier.

Mais dans ce film, les victimes algériennes ont occupé le second rôle. Au final, les morts algériens auront à peine été des figurants ! Qui l'aurait crû ? Même les autorités de leur pays, qui sont censées partager leur douleur et leur souffrance, n'ont nullement réhabilité leur Mémoire. Même le deuil a été interdit à ces Algériens morts sous les coups des ravisseurs et dans le déni total. Ni trois jours de deuil, ni messages de condoléances, ni cérémonie de recueillement, les morts algériens resteront à jamais les anonymes d'une tragédie qui s'est déroulée dans leur propre pays. On ne connaîtra même pas leurs noms. Ces inconnus sont donc condamnés à demeurer des fantômes qui hanteront à jamais notre mémoire collective. Une mémoire discriminatoire plus encline à célébrer les défunts hauts personnages de l'Etat qu'à rendre hommage aux travailleurs simples assassinés sur un champ gazier. Que vaut donc la vie d'un Algérien ? Telle est la question...

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