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L’Élysée à portée d’oreilles de la NSA

Publié le par Daniel Sario

Espionnage de la NSA: Sur TF1, Julian Assange promet une nouvelle «série de révélations»
Espionnage de la NSA: Sur TF1, Julian Assange promet une nouvelle «série de révélations»
Paris juge « inacceptable » l’espionnage sur les trois derniers chefs de l’État français mais se contente de réclamer le respect d’engagements antérieurs de Washington. Il appelle en même temps à « la mesure ». Par Bruno Odent

Les téléphones des trois derniers présidents français ont été placés sur écoute par les services de la NSA, l’Agence nationale de sécurité des États-Unis. Les documents émanant du site WikiLeaks du lanceur d’alerte Julian Assange, publiés hier par le quotidien Libération, sont sans appel. Aucune des démarches des trois chefs d’État, y compris celles qu’ils auraient souhaitées les plus confi dentielles, n’a échappé aux grandes oreilles de Washington. Après une série de scandales du même type, ces révélations prennent, cette fois, une dimension encore plus explosive et concrète. La preuve est apportée d’actes de barbouzerie systématiques au sommet de l’État par une puissance réputée alliée. « Inacceptable » , a dit le Conseil de défense réuni hier par le président français qui se contente toutefois de s’en remettre à un entretien téléphonique avec Barack Obama pour « rappeler que des engagements avaient été pris » par Washington, en 2013, après de premières révélations sur l’espionnage des télécommunications des Français. Trop graves, des conséquences doivent être tirées immédiatement d’un tel comportement. À commencer par « stopper toutes les négociations sur le traité de libre-échange transatlantique », a déclaré hier André Chassaigne, chef de file des députés PCF/Front de gauche à l’Assemblée.

Paris en appelle au respect des engagements pris par Washington en 2013 quand une première vague de révélations de WikiLeaks avait dévoilé l’ampleur du système d’espionnage des télécommunications des Français par la NSA. Dans le communiqué publié à l’époque, François Hollande et Barack Obama avaient souligné : « Les opérations de collecte de renseignements doivent être encadrées, notamment dans un cadre bilatéral, pour servir efficacement la seule lutte qui vaille, c’est-à-dire la lutte contre le terrorisme. » Sauf à considérer comme légitime de porter des soupçons de terrorisme sur leur personne, l’espionnage des trois derniers chefs de l’État français est en complète contradiction avec cette déclaration solennelle. Jane Hartley, la locataire de l’ambassade des États-Unis, dont le toit semble truffé des instruments d’écoutes les plus sophistiqués derrière un grossier dispositif de camouflage, a été convoquée. Il ne semble surtout pas question pour autant d’en tirer des conséquences plus tangibles. « Il faut qu’on garde la mesure », a aussitôt tempéré hier le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, invoquant « les liens historiques entre les deux pays » et, une fois encore, « le combat commun contre la menace terroriste... »

André Chassaigne (PCF) : "le Gouvernement doit en tirer les leçons". Le Gouvernement doit annoncer, au plus vite, des mesures concrètes et des actes forts pour la protection de la souveraineté de la France après la révélation des actes inacceptables d’espionnage des chefs d’Etats français par la NSA. Ce n’est malheureusement pas la première fois. C'était d’ailleurs l’une des raisons qui avait motivé, dès le mois d'avril 2014, notre demande de suspension des négociations sur le Traité transatlantique. Nous considérions, en effet, que le système d'espionnage mis en place par la NSA portait une atteinte grave et sérieuse aux droits et libertés individuels et collectifs. Nous l'avions demandé dans une proposition de résolution européenne qui avait été discutée dans l’hémicycle à l’Assemblée. La majorité avait, alors, rayé du texte de la résolution toutes références à l'espionnage de la France par la NSA !

Aujourd’hui, plus qu’hier, le Gouvernement doit stopper immédiatement les négociations avec les Etats-Unis sur le Traité transatlantique. Par ailleurs, nous sommes contraints de faire le parallèle avec le vote sur le projet de loi sur le renseignement cet après-midi. Texte qui doit être adopté, malgré l'opposition de la grande majorité de la société civile. Les révélations de Wikileaks sur les écoutes, exemple des dérives d’un monde du renseignement à qui le monde politique délègue tous pouvoirs, prouve que nous avons raison de nous opposer à un texte qui n’est rien d’autre qu’un « patriot act » à la française. Un projet de loi qui légalise et systématise une série de pratiques contestables et déployées depuis des années par les agences américaines.
Aujourd’hui, les Etats-Unis, du fait des révélations d’Edward Snowden, commencent à prendre conscience des dangers du Patriot Act qui échappe à tout contrôle politique et citoyen. L'administration d'Obama commence d’ailleurs à faire marche arrière. Il conviendrait que la France en fasse de même.

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