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"Les jeunes n'attendent pas du gouvernement que des idées mais de l'action et de l'argent"

Publié le par PcfBalaruc


Jean-Baptiste Prévost, président de l'Unef, est très critique sur le Livre vert de Martin Hirsch.

L'Unef déplore le manque d'ambition politique et financière du Livre vert sur la jeunesse de Martin Hirsh. La première organisation étudiante de France s'oppose notamment au projet de dotation et défend celui d'une allocation d'autonomie universelle. Explications de son président Jean-Baptiste Prévost. Propos recueillis par Emilie Lévêque.

Que pensez-vous du Livre vert sur la jeunesse publié par Martin Hirsch ?
L'Unef déplore son manque d'ambition. Le Livre vert constitue un catalogue de propositions à la Prévert, sans cohérence et objectifs politiques clairs. Nous déplorons qu'après quatre mois de travaux au sein de la commission, le moins disant l'ait emporté sur l'ambition pourtant attendue. Le Livre vert est insuffisamment ambitieux pour répondre à l'enjeu majeur d'une nouvelle politique de jeunesse, notamment sur la question centrale de donner des ressources aux jeunes pour être autonomes et pour réussir leur formation initiale et leur insertion sociale et professionnelle.
Concernant les ressources des jeunes, pourquoi dénoncez-vous le projet de dotation proposé par Martin Hirsch ?
La dotation, dont le montant envisagé est de 1 000 euros à 4 000 euros, serait largement insuffisante : ce n'est pas avec l'équivalent de 3 à 10 mois de RSA qu'un jeune peut-être autonome pendant plusieurs années de formation et d'insertion. Surtout, il est envisagé de compléter ce dispositif sous forme de prêt, ce qui renforcerait les inégalités sociales : or la jeunesse ne veut pas un droit à l'endettement. Selon nous, cette option d'attribuer un capital de départ masque en réalité l'insuffisance de l'investissement du gouvernement dans sa jeunesse qui est envisagé, à savoir à peine, 1,6 milliard d'euros selon Martin Hirsch. L'Unef réaffirme sa détermination à défendre la mise en place d'une allocation d'autonomie, universelle, d'un montant suffisant pour donner à tous les moyens d'étudier et de s'insérer dans la vie professionnelle.
A combien estimez-vous le montant nécessaire de cette allocation ?
Nous estimons qu'un jeune autonome a des besoins financiers d'environ 900 euros par mois. Ce qui ne signifie pas que l'allocation devra être de 900 euros pour tous les jeunes. Nous défendons le principe d'un montant individualisé en fonction de la situation de chaque jeune, selon qu'il vit encore chez ses parents ou non par exemple. Au total, cette mesure coûterait entre 10 et 15 milliards d'euros par an. La moitié de ce coût pourrait être financée par le redéploiement des dispositifs existant comme l'allocation pour le logement ou les exonérations fiscales dont bénéficient les parents.
N'y a-t-il pas des propositions que vous jugez positives dans ce Livre vert ?
Un certain nombre de propositions représentent il est vrai une amélioration sensible de la situation pour de nombreux jeunes, notamment la réforme envisagée des bourses étudiantes, destinée à augmenter leur nombre et leur montant et à créer un dixième mois de bourse, la mise en place d'une aide financière pour couvrir la période de recherche du premier emploi pour les jeunes diplômés ou non, ou encore l'interdiction des stages hors-cursus. Sur ces sujets-là, nous attendons des décisions et une mise en oeuvre rapides. Martin Hirsch sera jugé non sur ses propositions mais sur ses résultats.
Vous en doutez ?
L'Unef s'inquiète de l'absence d'engagements budgétaires ou de pistes de financements de ce Livre vert, ce qui laisse planer un doute sérieux sur la volonté et la possibilité de mise en oeuvre des principales propositions. Nous craignons que le gouvernement ne fasse un choix sélectif entre ces diverses propositions, non pas en fonction de leur efficacité pour les jeunes mais de leur coût. Les jeunes n'attendent pas du gouvernement que des idées, mais de l'action et des engagements budgétaires pour les concrétiser.








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